Critique de No limit, de Robin Goupil, vu le 15 juillet au Train Bleu (14h05)
Avec Thomas Gendronneau, Victoire Goupil, Martin Karmann, Théo Kerfridin, Maïka Louakairim, Augustin Passard, Stanislas Perrin, Laurène Thomas et Tom Wozniczka dans une mise en scène de Robin Goupil
No limit, c’est le genre de spectacle pour lequel, après avoir lu le pitch, on ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. Moi, à lire le pitch, je m’attendais à un truc foutraque, un peu barré – c’est limite si j’espérais pas un nouveau Pierre Guillois. Même le descriptif de la compagnie m’a bien fait marrer, j’ai senti une bonne ambiance, quelque chose d’authentique, qui se prend pas au sérieux mais qui se fiche pas de nous non plus.
Si vous avez vu Le chant du loup, vous allez avoir une impression de déjà vu en lisant ce résumé. L’histoire se déroule en Amérique, mais aussi beaucoup dans les airs entre les Etats-Unis et Moscou, car des bombardiers sont envoyés par erreurs pour détruire Moscou. Le président tente d’intervenir mais le protocole interdit tout échange entre les bombardiers et l’extérieur à partir du moment où la mission est engagée. Il ne reste plus beaucoup de temps avant que la ville soit détruite.
J’ai beaucoup aimé Le chant du loup, dont l’histoire est similaire à la nôtre à ceci près qu’elle se passe sous l’eau et non dans les airs. Mais je suis vraiment partagée pour No limit. Scéniquement, c’est absolument parfait et je n’ai rien à redire. Les comédiens sont tous excellents, le spectacle est rythmé, les transitions sont au millimètre, le travail est là et la qualité aussi. Ils sont neufs comédiens et comédiennes au plateau, et on sait que c’est un vrai engagement pour Avignon. En bref, respect.
Ce qui m’a un peu dérangée, c’est le parti pris du spectacle. Je vais filer longtemps ma métaphore du Chant du loup, je m’en excuse par avance, mais le film est catégorisé film d’action et de guerre, c’est un véritable thriller qui nous prend et nous emporte, et qu’on suit en haletant. Ici, c’est comme si le spectacle n’arrivait pas à se positionner entre l’action et le potache. Les dialogues sont ponctués de gags en permanence, ce qui fait qu’on passe de la fiction palpitante à la comédie un peu lourde toutes les cinq minutes. Comme les blagues qui sont proposées ne me font pas vraiment rire – c’est à base de défaut de prononciation, d’insultes rajoutées style syndrome de la Tourette, de répétitions de mots – ou plutôt comme elles ne me font pas rire dans ce contexte, je suis perdante : je n’ai pas la fiction prenante, et je n’ai pas le rire. Je dois être psychorigide, mais le mieux est l’ennemi du bien et j’ai du mal à profiter des deux à la fois.
C’est un spectacle de qualité qui peut trouver son public sans problème – d’ailleurs la salle est pleine et rit beaucoup – mais je suis passée à côté.