Closer est un chassé-croisé amoureux moderne, intense et diabolique entre 4 personnages torturés.
Closer bouscule, par bien des aspects. Adapté d'une pièce anglaise et porté à l'écran en 2004 (Entre adultes consentants), cette version de Pierre Laville est une pure réussite. Bien loin de la romance moderne qu'annonçait le descriptif, elle nous plonge dans la valse infernale à laquelle se livrent deux hommes et deux femmes à travers la complexité de leurs sentiments. Captivant !
Du charme à la perversion
Dès les tous premiers instants, la sensualité imprègne l'atmosphère. Elle est dans les échanges entre Dan et Alice qui se reconnaissent plus qu'ils ne se rencontrent, mais aussi dans leurs postures, leurs regards, leurs voix. On comprend tout de suite que malgré l'heure tardive et la fatigue qui se fait pesante, nos yeux cligneront à peine. Ils ne manqueront rien de ce qui va se jouer devant nous et dont on pressent toute la tension.
Elle est aussi bien charnelle, sexuelle que nerveuse cette tension qui vient entremêler un à un les différents personnages dans ses filets avant de serrer bien fort pour être sûre qu'ils ne respirent plus trop. Plaisir et douleur ne font plus qu'un dans ce dédale amoureux où manipulation, mensonge, chantage affectif et perversion mènent le bal. Et l'air devient étouffant à mesure que l'on s'attache à ces personnages plus toxiques les uns que les autres.
Une adaptation redoutablement efficace
Le décor, minimaliste à première vue, est complété par des projections sur grand écran pour un rendu très cinématographique. Écran sur lequel sont également projetés les messages de deux personnages écrivant chacun de part et d'autre de la scène lors d'un échange virtuel sur un un site de sexe. L'un d'eux est Larry, médecin. L'autre est Dan qui se fait passer pour Anna avec laquelle il trompe Alice. Manipulation et perversion sont déjà à l'œuvre. Les propos sont crus, parfois très, sans jamais pourtant que cela nous paraisse trop.
L'interprétation sans faille des comédiens y est pour beaucoup. Leurs échanges sont puissants, dans les mots, dans les gestes, dans l'intention. Ils incarnent avec une authenticité bluffante un texte brutal, à la fois fin et percutant, où l'humour s'invite avec subtilité. Charlotte Agrès nous charme d'un bout à l'autre ; Antoine Courtray est magnétique ; et Yannis Baraban absolument magistral. Nous avons à peine été moins séduits par le jeu un peu plus lisse de Margareta Hosana. Mais c'est de l'ordre du détail. Une pièce qui a tout pour marquer les esprits, et qui aura en tous cas marqué le nôtre.