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#OFF21 – Incandescences

Publié le 22 juillet 2021 par Morduedetheatre @_MDT_
#OFF21 – Incandescences

Critique de Incandescences de Ahmed Madani, vu le 19 juillet 2021 au Théâtre des Halles (11h)
Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui et Izabela Zak, dans une mise en scène de Ahmed Madani

J’ai pour habitude de commencer mes articles par la raison qui m’a poussée à découvrir le spectacle. Il me suffirait ici d’une phrase : j’aime Ahmed Madani. J’aime ce qu’il fait, j’aime son théâtre, j’aime sa vision, j’aime son écriture, j’aime sa rigueur, j’aime son exigence, j’aime son ouverture, j’aime son énergie, j’aime sa sensibilité, j’aime sa générosité, j’aime son rapport au public, j’aime son regard, j’aime la confiance qu’il accorde à ses équipes. J’aime infiniment son travail et il fait partie de ces créateurs qui ont profondément marqué mon rapport au théâtre.

Après Illumination(s) et F(l)ammes, il fallait réussir à conclure la trilogie. Toujours avec des comédiens non professionnels, il nous invite cette fois-ci à un voyage au coeur de la jeunesse des quartiers populaires, une jeunesse aux racines disséminées aux quatre coins du monde, une jeunesse à qui on ne donne pas forcément la parole sur des plateaux de théâtre. Ou, du moins, à qui on ne donne pas la parole de cette manière-là.

Sur le plateau, ils sont neuf. Neuf inconnus qui vont se dévoiler au fil du spectacle. Ils vont se raconter à nous à travers les épreuves et les sentiments qu’ils ont pu traverser : la découverte du désir, le rapport à la religion, l’omniprésence des écrans, la pression familiale, le premier film porno, la masturbation… Tous les sujets sont abordés sans tabou. C’est peut-être ce qui définit le mieux le spectacle : la liberté. La liberté de ton, la liberté de parole, la liberté d’être soi.

Ahmed Madani a su saisir quelque chose de la jeunesse dans le spectacle. Quelque chose qui va au-delà du choix de ses comédiens, quasiment de l’ordre de la chimie : il a vraiment su reproduire cette sensation d’excitation mêlée de peur, cet entre-deux où l’on n’est pas encore complètement soi, cette envie de dévorer le monde qui n’a pas trouvé les moyens de s’assouvir. Sur scène, il laisse de la place aux corps pour exprimer ce qui est indicible, comme cette danse extraordinaire pour figurer la sensation du premier orgasme. C’est inventif et précis ; c’est drôle et authentique.

Ahmed Madani a l’art du mélange et l’art de l’unité. Les scènes de groupe sont des petits chef-d’oeuvre qui nous plongent immédiatement dans l’atmosphère du moment. La fête, l’émotion, l’envie, la colère, tous les sentiments exacerbés de cette période de la vie sont là, vécus puissance 10 000 sur scène comme dans la salle. L’énergie est au rendez-vous : les comédiens ont une pêche folle. Et il laisse aussi la place à chacun de s’exprimer, d’avoir son moment, de se découvrir. La scène devient le lieu d’une certaine émancipation. Ça parle de la vie et la nécessite de cette parole-là, on la ressent. La vie est là, ni simple, ni tranquille, juste réelle.

Alors Aboubacar, Ibrahima, Virgil, Marie, Julie, Philippe, Merbouha, Jordan et Izabela, bravo, et merci. Vous m’avez fait vivre un truc fou, un truc unique, un truc précieux : un petit bout de votre jeunesse.

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#OFF21 – Incandescences

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