Magazine Culture

Alabama 1963 – Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Publié le 01 août 2021 par The Cosmic Sam @thecosmicsam

C’est en lisant l’avis élogieux de « La rousse bouquine » (ici) que j’ai eu envie de découvrir ce roman dont la sortie m’avait échappée.

Une enquête policière sur fond de ségrégation raciale aux Etats-Unis, des éléments qui annonçaient une histoire riche en rebondissements. Je vous dis ce que j’en ai pensé…

Le livre : « Alabama 1963 » (ici)

Alabama 1963 – Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Crédit photo : L&T

Les auteurs : Ludovic Manchette et Christian Niemiec sont traducteurs. Ils adaptent les dialogues de séries et de films de l’anglais vers le français. « Alabama 1963 » est leur premier roman.

Le résumé : « Birmingham, Alabama, 1963. Le corps sans vie d’une fillette noire est retrouvé. La police s’en préoccupe de loin. Mais voilà que d’autres petites filles noires disparaissent…
Bud Larkin, détective privé bougon, alcoolique et raciste, accepte d’enquêter pour le père de la première victime.
Adela Cobb, femme de ménage noire, jeune veuve et mère de famille, s’interroge :  » Les petites filles, ça disparaît pas comme ça… « 
Deux êtres que tout oppose. A priori.
Sous des airs de polar américain, Alabama 1963 est avant tout une plongée captivante dans les États-Unis des années 1960, sur fond de ségrégation, de Ku Klux Klan et d’assassinat de Kennedy ».

Mon avis : Lu en seulement quatre jours, je me suis rapidement laissée embarquer par cette histoire qui se lit très facilement en raison de son style et de sa forme (beaucoup de dialogues, de courts chapitres aérés, presque à la façon d’un scénario en raison, je pense, du métier des auteurs qui sont traducteurs de séries).

Ludovic Manchette et Christian Niemiec nous emmène donc au coeur de l’Amérique sudiste, en Alabama (ville de Birmingham) en 1963. La lutte pour les droits civiques a déjà commencé (l’histoire se déroule 8 ans après l’évènement du bus avec Rosa Parks) mais le Klan a encore beaucoup d’influence. Les parcs et les toilettes sont ségrégués et les femmes noires sont, en grande majorité, employées en tant que bonnes à tout faire dans les immenses demeures du Sud pour seulement quelques centimes de l’heure. Non seulement Blancs et Noirs ne se mélangent pas, mais il règne une défiance permanente, proche de la haine viscérale entre eux.

C’est dans ce contexte particulier que plusieurs petites filles noires disparaissent dans les quartiers noirs de Birmingham. Lorsque la première (Dee Dee) est retrouvée morte dans un champ, l’effroi s’empare de la communauté noire de la ville. A l’inverse, ce terrible crime n’émeut pas le moins du monde les Blancs, qui ne se sentent pas visés, et encore moins la police qui ne s’embête même pas à rechercher les victimes et leur bourreau.

Les parents de la première victime, Ellis et Lottie Rodgers, vont alors faire appel à Bud, un ancien flic qui s’est reconverti en détective privé. Parler de reconversion est tout de même un bien grand mot parce qu’en réalité Bud ne fait pas grand chose de ses journées, et plus généralement, de sa vie. Personnage pathétique qui se noie dans l’alcool et se laisse lentement dépérir à l’image de son appartement qui est une véritable porcherie.

C’est pour lui faire une mauvaise blague que ses anciens collègues décident de lui trouver une femme de ménage noire, Adela. Il va finalement s’avérer qu’il s’agira du meilleur cadeau qu’ils pouvaient lui faire.

Adela est, en effet, une mère célibataire résiliante, pleine de bonté, qui n’a pas la langue dans sa poche. D’abord un peu effrayée par cet homme antipathique et, il faut bien le dire, bon à rien, elle va finalement l’aider à sa façon dans sa pseudo enquête et s’attacher à lui.

Peu à peu, ces personnages que tout oppose vont apprendre à se connaitre, ce qui va leur permettre de revoir leurs préjugés raciaux respectifs.

Si je me suis tout de suite attachée à la personnalité d’Adela, ce fut bien plus dur avec Bud qui a tout du antihéros : alcoolique, raciste et blasé. Ce n’est que vers les 2/3 du roman que mon opinion a changée : on comprend un peu plus ce qui l’a amené à devenir tel qu’il l’est.

Le style assez synthétique des auteurs permet plus difficilement d’appréhender la psychologie des personnages, ce qui est un peu dommage, notamment pour Bud qui, du fait de son histoire personnelle, avait probablement beaucoup de choses à nous raconter.

Je m’attendais également à une véritable enquête poussée et j’ai été assez désarçonnée par le fait qu’il s’agisse, en réalité, d’une investigation un peu « bras cassé » à l’image de celui qui la mène (heureusement qu’Adela apporte un peu de bon sens). Cependant, au fur et à mesure que la condition de Bud s’arrange, on sent que des éléments de l’enquête se mettent enfin en place jusqu’à la résolution finale durant laquelle je n’ai pas pu retenir quelques larmes. « Alabama 1963 » est donc davantage une critique de l’Amérique des années 60 qu’une enquête policière.

J’aurais bien imaginer ce livre comme le premier tome d’une série d’enquêtes mais il s’agit d’un « one shot », ce qui, avec le recul, est tout aussi bien.

En bref : Pas le coup de coeur espéré mais un très bon roman dans lequel je me suis immergée et que j’ai pris plaisir à retrouver chaque jour. Mention spéciale au petit clin d’oeil à « La couleur des sentiments » de Kathryn Stockett, dont on retrouve d’ailleurs l’atmosphère du Sud dans les années 60 et le thème de l’importance des femmes noires qui entretiennent les maisons, font la cuisine et s’occupe des enfants Blancs presque plus que des leurs.

« Alabama 1963 » pourrait donner naissance à une très bonne adaptation cinématographique (je croise les doigts pour qu’un producteur ait la même idée) en attendant, je vais revisionner « La Couleur des sentiments ».

Vous aviez entendu parler de ce roman ou de « La couleur des sentiments » ? Vous avez envie de le(s) découvrir ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


The Cosmic Sam 2000 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine