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Le Simulacre Jean-Luc MarcastelIllustrations de Jean-Mathias XavierEditions MatagotFantastique - Uchronie
"Simulacre. C’est ainsi qu’ils te nommeront… Et ce ne sera pas un compliment. Fais ce que dois. Sauve ce monde. Alors tu pourras m’oublier et recouvrer ta liberté… " Imaginez une France où les gentilshommes s’affrontent à coups de rapières énergétiques, de pistolets à lumière et voyagent en diligences aériennes. En chemin vers la Versailles Céleste, la nouvelle résidence du Roy en orbite au-dessus de la Terre, Estella, une jeune voleuse, croise la route de Charles de Batz Castelmore plus connu sous le nom de… D’Artagnan. Poursuivi par les mécanomates du Cardinal de Richelieu, le capitaine des mousquetaires confie une bague à la belle avant de se sacrifier pour lui permettre de fuir. Sur notre Terre, s’éveille un jeune homme de vingt ans qui ressemble trait pour trait au capitaine défunt. Il est "Le Simulacre", le double du D’Artagnan originel. Il sait qu’il doit trouver Estella, rallier ses compagnons et, au mépris du danger, sauver le royaume et peut-être bien le monde…
MON AVIS (Sans Spoiler)Je voulais faire une petite piqûre de rappel sur cette trilogie qui m'a tellement enchantée.
Le Simulacre... Un hommage incroyable à Alexandre Dumas et à George Lukas... (Oui, vous avez bien lu : Dumas et Lukas)Imaginez D'Artagnan sortir de son fourreau le sabre laser d'un Jedi...
Le nouveau lecteur peut se demander si l'auteur est resté fidèle à la verve, à l'humour et au sens dramatique de Dumas, aucun souci : c'est une réussite. Mais on connait bien Jean-Luc Marcastel, il ne trahirait pas Alexandre Dumas. Les Mousquetaires revisités par une habile redistribution, les codes de Dumas cassés et "retricotés" par l'auteur. Quelle fertile et ingénieuse imagination ! "Un pour tous et tous pour un" mais cette fois-ci il faut compter sur un nouvel allié, totalement inattendu. Et un nouvel ennemi... Rien ne lasse de surprendre tout au long de ces trois tomes.
On est très vite embarqué dans cette histoire de Mousquetaire du Roy menée par des personnages attachants. Il y a ceux que l'on connait déjà : D'Artagnan le fougueux et Planchet, son fidèle valet, homme discret, non dénué d'humour à froid, pour faire pendant à celui de Porthos, beaucoup plus goguenard. Puis d'autres, comme la Goupille, une jeune femme de caractère, fine mouche qui ne démérite pas pour autant dans les belles manières et partage le haut de l'affiche avec notre Gascon.
Passons aux patibulaires... L'Ankou, issu des légendes bretonnes avec son faciès épouvantable, sa faux et ses sbires , les impitoyables Mécanomates du Cardinal... Les "Chats" ailés du Cardinal... Ce petit monde-là n'est pas très recommandable, il est surtout très dangereux... Sans compter sur le retour de la vénéneuse Milady qui avec l'Ankou, obéit à un nouveau maître, ces deux là ne sont pas avares de turpitudes.
Quant à l'intrigue, elle ne laisse pas de marbre, bien ficelée, tout va à un rythme trépidant, les découvertes sont stupéfiantes. A commencer par la Nouvelle Bastille, forteresse d'une conception étonnante, et dans le tome 3 : on croit rêver à la Versailles Céleste, plus prodigieuse et saisissante encore...
L'auteur ne fait pas l'omelette finale sans casser quelques oeufs, mais quels oeufs ! On referme le livre à regret de devoir quitter les personnages auxquels on s'était vraiment attachés, on a tremblé pour eux, on a même eu des sueurs froides. On se demande même, à un certain moment quelle sera l'issue de l'impasse de la situation.
Un roman de cape et d'épées digne de Dumas, qui, s'il vivait aujourd'hui n'aurait pas manqué de se faufiler allègrement dans l'uchronie, la Fantasy et le Steampunk. Jean Luc Marcastel l'a fait pour lui, et avec quel brio !
L'auteur a écrit ce roman en pensant à ce tableau de Henri-Paul Motte "Le Cardinal de Richelieu au Siège de La Rochelle" 1881. Musée d'Orbigny Bernon. (détail)