J’adore cette nouvelle collection de chez Frison roche. Les couvertures y sont très réussies et les histoires sensibles. Chez le même éditeur, j’ai déjà lu Cafés crème de Charles Lancar que j’ai également beaucoup aimé. Ici, nous sommes encore une fois dans un café, mais gare de Lyon, à attendre auprès d’une femme l’heure de son rendez-vous. Celui qui l’a invitée à venir l’attendre ne sait pas ce que signifie pour elle les trains et les gares. Le rendez-vous a été pris trois mois plus tôt, lors d’une soirée pendant laquelle ce photographe et la jeune-femme se sont plus. Trois mois d’attente. Elle est venue un peu plus tôt, très en avance, et elle attend dans ce café tout en repassant pour nous le film de ses souvenirs. Le présent, les clients du café, les passants, lui font revivre plein de moments précieux, parfois douloureux, surtout ceux passés à voyager entre son père et sa mère, couple divorcé. A l’époque, cette séparation n’était pas encore très répandue, alors voyager en train ressemblait à afficher sa stigmatisation. La jeune femme est en plein changement, en pleine reconversion. Beaucoup de choses ont eu lieu pendant ces trois mois. Et si le photographe ne venait pas ? Elle a ouvert son carnet sur la petite table où s’enchainent les consommations, sous l’œil intéressé du serveur. Et elle écrit, sans relâche, pour conjurer le sort peut-être et capter l’instant… Aurélie Ringard nous offre dans son premier roman un très beau moment poétique qui parle de la magie des rencontres, de la beauté de l’attente, mais aussi de cette force qui devrait tout le temps nous pousser à cueillir l’imprévu, car s’y niche sans doute tout ce qui fait le sel de notre vie. Elle a créé ici un personnage qui, malgré ses souvenirs, forte de l’amour qui en reste, a su embrasser l’instant.
Editions Frison Roche – juin 2021
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… Le petit carré jaune