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"Le crépuscule du mercenaire" d'André Fortin

Par Cassiopea

Le crépuscule du mercenaire
Auteur : André Fortin
Éditions : Jigal (15 Septembre 2014)
ISBN : 979-10-92016-25-3
250 pages

Quatrième de couverture
Ange Simeoni est un voyou qui bien que retiré des affaires est au courant de bien des choses… À sa demande, Stanley, petit voleur à la tire, vient de dérober la mallette d’un agent très spécial tout droit sorti du ministère… Vingt ans plus tôt, Marc Kervadec est conseiller des princes africains. C’est un barbouze qui, du Mali au Burkina Faso en passant par le Togo, veille au grain, chaperonne les présidents et protège les intérêts de la France. Il y a tellement de richesses ici… Au même moment, à Aix-en-Provence, Margot, jeune et belle femme éthérée, brûle sa vie par les deux bouts entre les visites impromptues de Marc… Ailleurs, le colonel, vieux briscard de la DGSE, distribue les rôles à son armée de l’ombre. Les valises d’argent liquide circulent et s’envolent même de temps à autre pour des destinations inconnues… Et parfois la machine se grippe, les planètes se rencontrent, l’amour s’en mêle, les dossiers disparaissent, les juges enquêtent, les présidents africains décèdent brutalement… Il suffit de si peu de chose…
Mon avis
Voici un roman à plusieurs entrées et avec de nombreux protagonistes qu’André Fortin prend le temps d’installer. Cela peut sembler long au départ mais il faut que chaque personnage se mette en place, dans son contexte et son époque. Ensuite, sur la seconde moitié du livre quand les concomitances entre les événements se feront jour, tout pourra aller plus vite.
Malgré tout, n’allez pas imaginer que l’on s’ennuie dans la première partie, pas du tout, il faut le temps de faire connaissance avec chacun, de le laisser se livrer petit à petit pour mieux le connaître. Il faut dire que les héros de notre auteur sont rarement lisses et aseptisés. Ils sont le plus souvent tourmentés, cachant soigneusement leur fragilité et leurs failles bien présentes même lorsqu’il s’agit de gros durs. On oscille entre l’époque de 1987 et la nôtre. On découvre le trafic de blanchiment d’argent, les voyous à la petite semaine, la politique de la France face à l’Afrique qu’elle croit dominer, posséder et aussi, les relations entre les policiers et les magistrats, les « indics », et la face cachée de certains contacts français avec l’Afrique.
En 1987, Marc Kervadec (employé par les services secrets), de repos en France entre deux séjours africains, rencontre Margot, une jeune femme qui semble « libérée » et qu’il retrouve de façon régulière pour leur plaisir réciproque. Tout ne sera pas lisse et elle rencontrera de gros problèmes. Il fera de son mieux pour l’aider, la guérir de ses errances mais rien ne sera simple. J’ai beaucoup apprécié cet homme. Sous des dehors froids, c’est un grand cœur et il sait dire oui à la vie quoi qu’il lui en coûte.
Quelques vingt-cinq ans plus tard, on se trouve avec un jeune malfrat attachant, qu’on voudrait prendre par la main. Malheureusement ce n’est pas celle du lecteur qu’il rencontrera mais celle d’Ange Simeoni, un malfaiteur presque retraité qui va lui confier une seule et unique affaire. Il aurait mieux fait d’écouter Madame Travers, sa psychologue qu’il aime bien, notre petit jeune, plutôt qu’Ange mais ce dernier à su le séduire et lui parler. Ajouter à cela un juge et un policier qui sont amis mais veulent chacun protéger leurs arrières et vous aurez, en gros, la galerie de personnages de cet opus.
Ces deux époques de l’intrigue alternent, évitant la lassitude d’une histoire linéaire. Les retours en arrière expliquant, petit à petit, le présent qui se dévoile sous nos yeux.
Le ton est sec, sobre, les situations décrites avec peu de mots, comme par un taiseux mais chaque phrase semble lourde de sens. Les dialogues sont peu nombreux mais significatifs. Ils apportent un éclairage sur les relations humaines. Le narrateur, qui est le juge d’instruction, intervient dans certains chapitres en disant « je », les autres sont écrits à la troisième personne du singulier.
L’auteur, ancien juge d’instruction, juge pour enfant, vice-président de tribunal…. a le ton juste. En effet, il connaît les différents rouages de ce qu’il décrit et ne s’embarrasse pas de fioritures. Rien ne semble lui faire peur, il écrit comme sont les événements, bruts de décoffrage. C’est sans doute ce ton sincère qui donne une réelle valeur à ce roman.



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