"Scandale politique pour la photo
d'une fête à Olivos
en plein confinement"
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Quand, cette nuit, est apparue sur les réseaux sociaux une photo où l’on voit poser sans masque ni distanciation physique un groupe d’amis parmi lesquels on reconnaissait sans peine le président Alberto Fernández et la Première dame, les yeux des opposants ont commencé à briller. La photo, murmurait-on, aurait été prise le 14 juillet 2020, à la résidence présidentielle de Olivos, ce qui correspondrait à la fois à l’anniversaire de la compagne du président, Fabiola Yañez, et au confinement le plus strict pendant la première vague, avant l’arrivée des vaccins.
Quelle aubaine pendant une campagne électorale que de surprendre enfin son adversaire politique les doigts dans le pot de confiture ! Les déplacements étaient alors strictement interdits à moins d’une raison impérative. Les réunions dans les domiciles privés l’étaient tout autant.
Puis, dans la foulée, est arrivée une autre photo (ci-dessus), encore plus explicite, celle qui s’affiche ce matin à la une de Clarín et de La Nación. On y voit un groupe encore plus fourni posant autour d’une table disposée pour un dîner de fête avec des couverts très proches les uns des autres et un très beau gâteau d’anniversaire facile àn identifier et donc à dater (à moins que le président n’ait eu pour rite de 14 juillet de commander tous les ans le même gâteau pour l’élue de son cœur). Or du côté de la présidence, le silence a duré longtemps. Plusieurs heures. Assez longtemps pour que les soupçons se transforment en certitudes.
Jusqu’à ce que, en fin de matinée, le Premier
ministre concède une erreur de la part du couple présidentiel. Un
aveu dans les formes. La vice-Première ministre lui a emboîté le
pas et renouvelé la concession, tout en dénonçant un « spectacle
médiatique monté de toutes pièces pour diviser le pays ».
La Prensa a choisi une autre stratégie.
Une une économique !
Tout en bas, à gauche, un titre secondaire
fait référence à la photo polémique.
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L’opposition parlementaire a déjà posé les premiers jalons d’une procédure en vue de faire voter la révocation du chef de l’État. Il est peu probable que l’opération aboutisse puisque les élus de la majorité restent la majorité, que s’ils ont une once d’intelligence ils vont sans doute serrer les rangs en vue des élections de mi-mandat en septembre et que les faits reprochés, chez des personnes qui devaient donner l’exemple et semblaient bien le faire jusqu’à présent, ne constituent toutefois une infraction légère, l’équivalent en France d’une contravention de première classe, sans conséquence tragique (il semble qu’il n’y ait pas eu de contamination au cours de cette fête). Quant à l’opposition des militants et des simples citoyens, une partie d’entre elle est déjà dans la rue en train d’agiter des drapeaux et de crier des slogans hostiles.
L’affaire relance donc la campagne électorale.
En haut, en gros titre : une nouvelle attaque de Cristina Kirchner,
la vice-présidente, contre l'opposition
En bas, la photo en question !
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D’autant que l’auteur de cette photo, pire que
maladroite (a-t-on idée de laisser des traces ?), serait un
entrepreneur taïwanais, compagnon d’une des amies personnelles de
Fabiola Yañez. Il y a quelques jours, les journaux d’opposition
ont évoqué des négociations secrètes que le président aurait
conduites avec cet homme, qu’on dit prêt à investir en Argentine,
négociations que Alberto Fernández a vigoureusement démenties lors
d’une interview à la radio. Or la présence de cet homme dans son
entourage, si elle était avérée, ne manquerait pas d’entraîner
aussi un embarras diplomatique : certains des vaccins dont
dispose l’Argentine proviennent de Chine continentale. Ce n’est
pas le moment de la fâcher !
Pour en savoir plus :
lire l’article de La Prensa (tous les journaux, y compris à droite, évoquent encore les faits au conditionnel)
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación