Voici la nouvelle qui suit la parfaite chambre de malade.
Une jeune fille se voit obligée de confier sa grand-mère à une maison de retraite médicalisée, atteinte de démence sénile et n'arrivant plus à bouger, à s'occuper de soi. Elle se retrouve confrontée à un immense sentiment de culpabilité d'avoir abandonné sa grand-mère qui l'avait accueillie après la mort de ses parents. Et même la bienveillance du directeur de l'établissement ne lui rend pas moins difficile la séparation.
Cette longue dégénérescence de son aïeul qui a toujours été son point de repère dans la vie l'a fortement touchée, au point qu'elle a du mal à discerner ce qui est réellement la normalité et se lance dans un introspection. Son seul point d'ancrage dans cette douloureuse situation sont les premiers symptômes d'une grossesses (peut-être imaginaire) qui lui permet de reprendre un peu pied et d'effacer peu à peu l'absence de sa grand-mère.
Comme toujours , Ogawa nous offre une nouvelle très étrange, toujours entre rêve et réalité, une longue introspection écrite comme une longue description des sentiments intérieurs de la jeune fille, avec très peu de dialogue, et toujours ce sentiments de culpabilité qui mine la narratrice. Comme dans la chambre de malade, le sujet de cette nouvelle est le passage de la vie à la mort, l'accompagnement de la fin de la vie et le poids de l'absence.
Et toujours cette écriture parfaite, où rien ne manque, où rien ne dépasse de Yokô Ogawa, transpirant la douleur et la dureté du quotidien avec une douceur inouie et nous renvoyant à aux responsabilité qui seraient les notres dans de telles situation, comme ici la place des personnes agées dépendantes dans notre société... Ce n'est pas forcément la meilleure nouvelle d'Ogawa mais elle mérite vraiment d'être lue, si l'on aime le style de l'auteur.