Marie-Antoinette s'ouvre magistralement sur la belle Kirsten Dunst nonchalamment lovée sur un sofa mode Louis XVI, macaron rose à la main, entourée d'une montagne de sucreries, elle soupire et regarde face caméra avec un air indifférent qui semble dire « Et alors ? »
Après Lost in translation en 2004 et The Virgin Suicides en 1999, la jeune Sofia Coppola - fille du ô combien célèbre réalisateur d'Apocalyse Now et de la trilogie Le Parrain, Mr. Francis Coppola - nous revient avec Marie Antoinette, douce chronique de l'épouse autrichienne de Louis XVI, guillotinée en 1793. Sofia Coppola nous dépeint une jeune Marie-Antoinette mariée à 14 ans au dauphin de France découvrant la Cour, ses levées, ses mondanités, etc. Et pour elle c'est un peu Lost in Versailles. Tout d'abord son Louis XVI de mari, excellent Jason Schwartzman, n'est pas très « coppératif » au lit ce qui entraîne de sérieux problèmes. Sa mère, la reine d'Autriche l'harcèle de lettres moralisantes sur le mariage et sa « consommation ». Rien à y faire les deux époux sont très maladroits et n'arrivent pas à faire la « chose » comme dirait Mathieu Almaric (il fait une apparition au bal masqué où Marie-Antoinette rencontre son Conte de Fersen). Jusqu'au jour où le Roi Louis XV meurt, Louis XVI prend l'exercice des fonctions et sous les pressions familiales et autres, se voit presque obligé de donner un héritier à la France. Pas de chance, c'est une fille, Marie-Thérèse, mais un dauphin naîtra par la suite. Bonne mère mais délaissée, enfermée dans un monde qu'elle ne comprend pas, la Reine se réfugie dans la frivolité : sucreries, bals masqués (ohé, ohé !), escapades au petit Trianon, coiffures, chaussures, love story avec le Conte de Fersen, champagne, converses (observez bien !), dépenses, nuits blanches, champagne, macarons, etc. Pourtant, elle restera fidèle à son mari jusqu'au bout et l'accompagnera jusqu'à la fin. Le film se clôt sur la chambre à coucher détruite, symbole de la monarchie brisée.
Dès les premiers plans, on reconnaît le style Coppola's daugther : la musique Air, les plans de fille qui regarde à la vitre, son amour pour les levées de soleil, ses thèmes chers : l'enfermement dans un monde, l'adolescence brisée, la solitude, l'évasion. Sofia Coppola a sa patte d'auteur, et une belle patte à la fois douce, poétique, moderne et contemplative. Et perso, j'adore. Une deuxième vision en valait la chandelle : au début, j'avais moyennement aimé. Mais là, j'ai bu ça comme du petit lait du Hameau (le coin de campagne qu'elle a fait construire à Versailles). Marie-Antoinette est un magnifique film sur une Reine incomprise, victime de sa condition, pas à sa place dans le monde codifié de Versailles. Les prestations sont toutes excellentes, Kirsten Dunst est Marie-Antoinette. A voir. So rock and roll.
Marie-Antoinette - ma note pour ce film : Réalisé par Sofia CoppolaAvec Kirsten Dunst, Jason Schwartzman, Rip Torn, ...
Année de production : 2005