Imaginer Paris, dans quelques dizaines d’années, après les « évènements » qui avaient suivi la pandémie, provoquée par un virus aviaire, dans un pays que dirige un « président à vie », remplaçant une potentielle « insurrection ou un Grand Soir » par une chasse au canard dans la ville, la veille de la Toussaint. Le narrateur habite encore dans sa chambre d’étudiant comme si toute vie avait quitté la ville. Il y a bien un paradis à la limite de l’Europe, c’est « l’Île Morte », mais Paris, où se passent les évènements que nous allons suivre dans ce livre, n’a plus rien de sa superbe. Il suffit de voir dans quel état est le Jardin du Luxembourg, non loin du Panthéon. Un canard est lâché et le peuple le chasse. Un seul doit le ramener vivant pour avoir l’honneur de le manger le soir même avec le président. Le jeu devient vite violent. Qui est le plus bestial ? L’animal traqué ou la foule surexcitée ?
C’est un conte, sans doute, mais il dit que demain peut-être, en tout cas dans moins d’un siècle, ce monde pourrait être le nôtre : un monde de pauvreté où l’idée de s’asseoir une fois, une seule, à la table du président pourrait provoquer un chaos sans lendemain. Une nouvelle version de la devise romaine : « panem et circenses ».