A l’occasion du soixantième anniversaire de la proclamation de l’état d’Israël, six musées du pays présentent une rétrospective artistique, chacun une décennie. Je ne sais si je pourrai tous les voir (amis lecteurs, appel à un volontaire pour chroniquer à ma place les expos à Ein Harod ou Ashdod, où il est improbable que j’aille); celle du Musée d’Israël à Jérusalem (qui est par ailleurs quasiment fermé pour rénovation) concerne, ô joie, la décennie 1998-2008, jusqu’au 16 août.
C’est un panorama assez complet (des artistes juifs israéliens seulement, mais ce n’est pas pour surprendre; le seul Arabe, sauf erreur, est Sharif Waked, avec une série de peintures un peu mièvres sur la fusion entre attaquant et attaqué, lion et gazelle), où j’ai seulement regretté l’absence de Michal Rovner. Mais, souvent, les oeuvres présentées sont les plus consensuelles, les moins controversées :
- de Sigalit Landau, une partie de l’installation vue à Berlin, mais pas Barbed Hula;
- de Yael Bartana, Trembling Times, mais pas Summer Camp;
- de Guy Ben-Ner, la vidéo sur Moby Dick, pas celle chez Ikéa sur la propriété et le vol.
Mais parlons plutôt des découvertes ! Shahar Marcus présente une très belle vidéo, filmée dans le Musée sur l’esplanade devant le bâtiment où sont conservés les manuscrits de la Mer Morte :
deux hommes vêtus de noir jouent aux échecs, leurs pions sont en glace, en blanc et noir. Peu à peu, les pièces fondent, le temps s’écoule inexorablement. un sablier géant marque le temps : au milieu des boules de polystyrène, un homme, prisonnier du temps. A la fin, le roi blanc a gagné, mais il est taché de noir (Freeze, 2008). Si la Cène, rejouée par des soldats de l’IDF, fait plutôt gadget (Adi Nes) et si le coq sur la tête chauve de Boaz Arad amuse sans plus (Gordon and I), on reste plus longtemps devant la gigantesque installation de Gal Weinstein, Slope (2007-2009) où une coulée de lave, surmontée d’un panache de fausse fumée en coton, a submergé des maisons aux toits rouges, même si l’équation toit de tuiles rouges = bourgeois occidentalisé ne convainc guère. Les petites vidéos de Nelly Agassi où elle se met en scène, de dos, nue agitant le bras en un éternel au-revoir, ou couchée avec une colonne de fumée montant de son giron (A Dream where Silence is made of Gold) ne sont pas non plus essentielles, ni trop dérangeantes.Par contre, trois artistes m’ont vraiment impressionné : la suite demain.
Au passage, la consigne à l’entrée du Musée : ça surprend toujours…(l’inscription n’est pas en arabe, hébreux et anglais seulement…).Photos de l’auteur excepté la première (du site du musée).