Magazine Culture

Les skinheads, réflexions sur la guerre, la colère et la violence

Par Richard Le Menn

Ci-dessus : Photographie provenant du livre Style tribes : the fashion of subcultures de Caroline Young (Frances Lincoln Publishers Ltd, 2016), un très intéressant ouvrage en anglais sur les mouvements de mode, en particulier anglo-saxons, du XXe siècle à 2016, avec de belles photographies. Le skinhead est complètement à l'opposé du folk, du beatnik puis du hippie. Il est droit, rasé, lisse et guerrier. Les skas, d'une mouvance similaire, comme celle des mods, sont quant à eux beaucoup plus pacifiques et réjouis, s'habillant cependant d'une manière analogue, mais un peu plus 'chaude', davantage moderniste, avec des motifs à damier, souvent en costume, et portant régulièrement un chapeau (pour les skas).

Lorsque j'étais étudiant, lors d'un débat dans le cadre d'une manifestation, un militant d'extrême-droite venu de l'université d'Assas a pris la parole. J'ai été le seul à me lever et à partir, trouvant dangereux d'écouter ce genre d'individu. Je suis allé manger, et en revenant, celui-ci était devant l'université avec ses amis. Me voyant, il m'indiqua du doigt à un skinhead qui s'est mis à me suivre. J'ai réussi à le semer dans le métro. Une autre fois, passant devant des skinheads avec un ami noir, nous nous sommes faits interpellés par ceux-ci. J'ai dit à mon ami de ne pas se retourner, mais bêtement il l'a fait pour leur répondre gentiment, et eux en ont profité pour nous courir après. Encore une fois j'ai réussi à les semer, de même que mon ami. Ces deux anecdotes pour dire que je n'ai pas spécialement d'affection pour eux. Cependant le mouvement skinhead est très intéressant. Il est apparu en 1966, quand les hippies émergeaient (dès 1965). Il représentait la frange dure de la mouvance modernist (mod), constituée dès 1965 par les hard mods, alors que l'autre partie des mods se tournait vers le psychédélisme et le swinging London. Les skinheads étaient donc directement influencés par les mods, mais aussi par les rudeboys jamaïcains (nés après l'indépendance de la Jamaïque en 1962) ; les Jamaïcains constituant une communauté importante en Angleterre à partir des années 1950. Ils reprirent leur musique ska, leur vêture (chapeau trilby, bretelles, pantalon court et serré, grosses chaussures cirées...), leur coupe de cheveux, leur façon de marcher et même de parler. A cause de leurs chaussures, on leur donnait aussi le nom de "boot boys". Ce n'est qu'à partir de 1969 que beaucoup s'associèrent à l'extrême-droite, alors qu'en 1970 certains s'assagirent.

Ci-dessous : Figurine créée par Laurent-ex-Laurent, d'un skinhead des années 1980 (voir ici). En 1977, certains skinheads se mélangèrent au punks. Ils ont créé le mouvement Oi!, leur cri de guerre. Certains fondèrent une ligue contre le racisme : SHARP (Skinheads Against Racial Prejudice). Dans les années 1990, comme beaucoup de jeunes se rasaient la tête et portaient des habits serrés, notamment des homosexuels, il était difficile de reconnaître un skin dans la rue... De toutes les façons, il était préférable de ne pas approcher. Il y a longtemps de cela, un de mes amis, un ancien skinhead, me disait qu'il se sentait puissant ainsi. Cela leur permettait aussi de transcender la pauvreté du milieu social dont ils étaient souvent issus et dont ils étaient fiers.

Les skinheads, réflexions sur la guerre, la colère et la violence

La colère est une émotion qui me semble le plus souvent laide. Quand elle n'est pas simplement un bain de lumière, elle n'est pas élégante ; mais je trouve encore moins élégants ceux qui s'en offusquent ou en sont dépités. La colère peut être momentanée. Horace écrit : Ira furor brevis (La colère est une courte folie). Elle peut aussi être 'cogitée', comme dans la vengeance. Elle est alors une longue folie. Un jour que l'on s'étonnait que Socrate reçu un coup de pied sans se fâcher, celui-ci demanda si un âne le frappait il devait lui intenter un procès ? Une autre fois, sa femme Xanthippe de colère lui arracha son manteau en pleine place publique. Les amis du philosophe lui conseillèrent de la gifler : " Bien sûr, répondit-il, pour que nous nous battions à coups de poings, et que chacun de vous nous encourage en disant : "Vas-y Socrate ! Vas-y Xanthippe !" ".

Ci-dessous : Une bonne nouvelle, les motards manifestent de plus en plus auprès des gens, pour la liberté. Cela va réconforter les gilets jaunes victimes des brigades mobiles de CRS qui sont un véritable fléau.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Richard Le Menn 304 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines