Présentation de l’éditeur :
Septembre 1939. La famille Cazalet, réunie à Home Place, apprend l’entrée en guerre de l’Angleterre à la suite de l’invasion de la Pologne. On ferme les demeures londoniennes les unes après les autres pour se mettre à l’abri dans le Sussex, où les préoccupations de chacun – parent, enfant ou domestique – sont régulièrement interrompues par les raids allemands.
Polly, dont les parents s’enfoncent dans un insupportable mutisme, se tourne vers les discours pacifistes de Christopher et l’oreille attentive de Miss Milliment. Clary, sa meilleure amie, renseigne chaque parcelle de sa vie dans des carnets et élabore mille scénarios pour expliquer le silence de son père Rupert, porté disparu sur les côtes françaises. Serait-il devenu espion aux côtés du général de Gaulle? Zoë, sa femme, vient de donner naissance à Juliet, qui ne connaîtra peut-être jamais son père. Fascinées, les deux adolescentes observent aussi leur cousine Louise: à dix-huit ans, alors qu’elle fait ses débuts dans un sinistre théâtre de province, elle fume et porte des pantalons, au grand dam de sa famille.
Quel bonheur de retrouver la famille Cazalet, bien qu’elle affronte le terrible début de la guerre et la bataille d’Angleterre. Dans ce deuxième tome, Elizabeth Jane Howard, entre des retours vers la famille complète, a choisi de se concentrer sur les grandes adolescentes de la famille.
Louise, fille d’Edward et de Villy, mal aimée (aimée mais mal) de ses parents et donc mal armée pour découvrir l’amour, veut à tout prix devenir comédienne et supporte pour cela des conditions de vie éprouvantes. Son amitié avec Stella, dont on devine qu’elle est d’origine juive, est pétillante lui apporte l’équilibre nécessaire face à la relation un poil trouble qu’elle entretient avec un homme quatorze ans plus vieux qu’elle.
Clary, la fille de Rupert et belle-fille de Zoé, se rapproche de cette dernière pour supporter l’absence de son père qui est bientôt porté disparu à Dunkerque et ne verra peut-être jamais sa dernière-née, Juliet. Clary, qui s’exerce à devenir écrivain, parvient à se convaincre envers et contre tous que son père n’est pas mort en se racontant des histoires.
Polly, la fille de Hugh et Sybil, rêve toujours d’une maison unique et originale mais souffre de ne pas trouver de sens à sa vie comme ses cousines. La jeune fille hypersensible doit supporter les silences de ses parents, sa mère malade et son père qui peine à exprimer ses sentiments (je l’aime, celui-là, et j’aime sa relation avec sa fille).
A travers les histoires des trois jeunes filles – des autres femmes de la famille, c’est la condition féminine de l’époque qui sous-tend le récit : le poids des conventions, le rôle qu’on voudrait leur assigner, leurs rêves d’émancipation, de liberté, mis à mal ou confortés par la guerre.
Les autres personnages de la famille sont toujours bien présents, que ce soit les grands-parents, le Brig qui devient aveugle, la Duche qui parvient à diriger la maison de plus en plus remplie avec l’aide de Villy, les plus jeunes enfants dont les inénarrables Lydia et Neville (la touche d’humour et de fraîcheur), les domestiques (on va suivre de près le « crush » entre Mrs Cripps et Tonbridge) et l’excellente Miss Milliment, la préceptrice, qui a trouvé un vrai refuge dans cette famille si attachante, et racontée avec tant de finesse par Elizabeth Jane Howard. Et puis la campagne anglaise… Le troisième tome de l’histoire m’attend déjà (et le quatrième sort bientôt).
« Par le dôme de verre, le ciel avait la couleur des violettes sauvages; la porte d’entrée ouverte formait un cadre sombre pour la portion du jardin ainsi révélée ; un parterre de tulipes ivoire, et autour, des giroflées des murailles dont les nuances cuivrées, rehaussées par le soleil du soir, les faisaient ressembler à des dos d’abeilles. Des effluves de leur délicieux parfum lui parvinrent, se dissipèrent puis revinrent. Elle éprouva un instant de bonheur si pur et si parfait qu’elle eut l’impression d’être assiégée – incapable de bouger. Imperceptiblement le moment passa, glissa dans le passé, tandis que les choses reprenaient leur cours avec leur monotonie familière.«
« Polly regarda les petits yeux gris qui l’observaient avec bonté et perspicacité, et se sentit comprise – un sentiment qui lui procura chaleur et légèreté. « Ce que vous dites, déclara-tg-elle, c’est que je ne dois pas juger les autres selon mes propres critères – selon ce que je suis, moi.
– C’est toujours un obstacle sur le chemin de l’amour, tu ne trouves pas ? dit Miss Milliment, comme si Polly y avait pensé la première. Les jugements ont tendance à tout gâter, d’après mon expérience. » »
Elizabeth Jane HOWARD, A rude épreuve (La saga des Cazalet II), traduit de l’anglais par Cécile Arnaud, La Table ronde, 2020
Petit Bac 2021 – Adjectif 5
Le Pavé de l’été chez Brize (571 pages)