Le groupe Vivendi, contrôlé par Vincent Bolloré, introduira Universal Music Group à la Bourse d'Amsterdam le 21 septembre. Valorisé 33 milliards d'euros, le numéro un mondial de la musique, détient un riche catalogue d'artistes de Frank Sinatra et Paul McCartney à Angèle, Billie Eilish, Elton John ou Herbert von Karajan.
La Bourse d'Amsterdam s'apprête à accueillir le mardi 21 septembre une nouvelle valeur très rock and roll. Valorisé 33 milliards d'euros, Universal Music Group (UMG) fera son entrée sur la base d'un prix de référence communiqué par Euronext le 20 septembre au soir.
Le groupe Vivendi, contrôlé par l'homme d'affaires breton Vincent Bolloré, a prévu de distribuer environ 60 % du capital d'UMG à ses actionnaires actuels : le groupe chinois Tencent (20 %), Vincent Bolloré via ses sociétés familiales (18 %), le milliardaire américain Bill Ackman (10 %), Vivendi (10 %) et la Société générale (3,3 %), le reste étant le " flottant " en Bourse.
Dirigé par le Britannique Sir Lucian Grainge, UMG, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 7,4 milliards d'euros en 2021, est le numéro un du secteur de la musique devant deux autres " majors ", Sony et Warner Music. Il a pris le virage du streaming (écoutes en ligne) qui représente désormais environ les deux tiers des revenus de la musique enregistrée dans le monde, et a poursuivi ainsi sa croissance même pendant les confinements (+ 3,8 %). Le groupe possède environ 30 % du marché mondial et domine encore plus en France avec 42 % du marché hexagonal.
Le catalogue
Universal Music Group s'enorgueillit du catalogue le plus riche de l'industrie musicale. Sa dizaine de labels prestigieux picore dans toutes les époques de la musique enregistrée depuis un siècle. Côté jazz, de John Coltrane et Herbie Hancock à Melody Gardot, Thomas Dutronc, Norah Jones ou Gregory Porter chez Decca, Verve ou Blue Note.
Le plus célèbre des crooners, Frank Sinatra, est la figure de proue du prestigieux label Capitol avec également Paul McCartney. Bob Marley sur le label Island Record pour le reggae, The Who et PJ Harvey, ainsi que les Rolling Stones (en partie) et The Who pour le rock, Stevie Wonder, Diana Ross et Amy Winehouse pour la soul, Rihanna, Taylor Swift, Katie Perry, Lady Gaga et Billie Eilish pour la pop, Eminem ou Drake pour le rap... La liste est étourdissante.
Le groupe, propriétaire des studios Abbey Road de Londres où enregistraient les Beatles, vient par ailleurs de racheter l'intégralité du catalogue de Bob Dylan pour un montant record estimé à plus de 300 millions de dollars. UMG détient également le prestigieux label classique Deutsche Grammophon, qui édite les disques d'Herbert von Karajan, Claudio Abbado, du pianiste Lang Lang, de la musicienne et chanteuse Agnès Obel...
Universal Musique France, présidé par Olivier Nusse, possède un riche catalogue, de Johnny Halliday (pour une grande partie de ses disques), Bernard Lavilliers ou Benjamin Biolay, à de très nombreux jeunes talents comme Angèle, Gauvain Sers, Eddy de Pretto, Pomme (chez Polydor), Clara Luciani ou Hervé. De nombreux rappeurs dont Dadju, Maes, Bigflo & Oli, des vedettes de la chanson comme Vitaa & Slimane, Kendji Girac et Louane ont été signés par la major.
Les perspectives
L'opération devrait apporter une manne financière à Vincent Bolloré, qui prévoit de recentrer Vivendi sur l'édition, la publicité et les médias. Le milliardaire breton se désengage en partie de cette filiale musicale gérée depuis Santa Monica, aux portes de Los Angeles (Californie), à un moment où sa valorisation est élevée. Et peut ainsi se concentrer sur le rachat de Lagardère qui doit être finalisé d'ici à fin 2022.
Pour les artistes qui sont gérés localement par pays et par label, les changements ne devraient pas être notables. Les majors, qui ont su s'adapter à l'effondrement des ventes physiques de CD et de vinyles, lutter contre le piratage et l'exploitation gratuite de leur musique par les Gafam, You Tube en tête, composer avec les algorithmes des plate-formes comme Spotify, Apple Music et Deezer ont fait preuve d'une belle capacité de résistance et de renouvellement, en signant sans cesse de nouveaux talents.
Il reste maintenant à ces trois géants de la musique, Universal, Sony et Warner, à résister à une vague d'autoproduction qui conduit de plus en plus d'artistes importants - c'est le cas du rappeur Jul, un des premiers vendeurs de disques en France - à prendre en main leur destin eux-mêmes, sans passer par la case " maison de disques ".
Source : https://www.la-croix.com/Culture/Universal-Music-rutilant-catalogues-entre-Bourse-2021-09-20-1201176383