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Léa Nguessan : Le secret d'Adjaratou

Par Gangoueus @lareus
Léa Nguessan : Le secret d'Adjaratou

J’ai rencontré Léa N’Guessan, avocate, lors de son passage au talk-show Weekend Africain. Je vous encourage à écouter le podcast consacré à ces échanges. J’ai découvert son intérêt pour la littérature.


Le secret d’Adjaratou est son premier roman. Le texte vient d’être réédité aux éditions Vallesse. Je me suis plongé dans la lecture de ce texte.  Une lecture relativement aisée. L’histoire commence d’Amérique du nord. Les deux enfants d’Adjaratou, une femme politique ivoirienne, garde des sceaux, ont évolué loin du continent africain pour des raisons qui seront expliquées dans le roman. Ils ont réussi leurs études avec brio et ils entament leur vie professionnelle respectivement au Canada et aux Etats Unis. C’est dans ce contexte qu'ils apprennent la mort brutale de leur mère à Abidjan. En rentrant au bercail, Maître Sounvi, un ami d’Adjaratou, notaire en charge de la succession, leur transmet un document, comprenant une très longue lettre de la mère aux enfants.

Une si longue lettre

Les circonstances du décès d’Adjaratou ne sont pas claires ou du moins, peu de personnes de la famille ne souhaitent s’étendre sur le sujet. Le père est peu présent. La lettre est censée éclaircir la question posée face à un acte qui s’apparente à un suicide. On ne sait pas trop. Adjaratou commence sa lettre adressée comme une note explicative de pans entiers de sa vie et dévoile un secret, son terrible secret.  Le lecteur doit donc envisager cette lettre comme un long monologue, peut-être une confession si on envisage les choses sous un angle moral. Adjaratou Sylla est la fille d’un très grand homme d’affaire ivoirien. La narration part de son contexte familial, en décrivant la relation avec son père, la perte précoce de sa mère biologique, son attachement à la première femme de son père. Cette dernière étant inféconde, fera l’objet des quolibets de sa co-épouse qui assure une descendance nombreuse au clan. 

Adjaratou 

Elle est une femme qui va forger de mains de maître son destin dans ce contexte à la fois douillet et hostile. Un peu contradictoire la dernière séquence, mais c’est en quelque sorte  cela. On observe son parcours d’étudiante en droit, sa relation d’amitié avec Claire Mukoko, son mariage, sa carrière politique. C’est une femme ambitieuse, qui veut changer son pays, améliorer le droit et la condition féminine, lutée contre la contre la corruption… Léa N’Guessan est elle-même juriste. Que projette-t-elle sur son personnage, sur cette femme forte ? Un travail sur les fragilités d’Adjaratou ? Sur ses dispersions qui l’empêchent d’avoir un regard lucide sur elle-même, sur son foyer, sur sa famille ? Il se passe des choses étranges autour d’Adjaratou. Des gens meurent, des collaboratrices, un chauffeur sans qu’il y ait un raison particulière si ce n’est la fatalité. Adjaratou parle. Le roman prend progressivement la forme d’un polar. Le lecteur court après ce secret par lequel l’écrivain nous tient. A-t-il raison de s’accrocher à la trame de cette lettre ?

Au-delà du secret, la tristesse

Le roman est vraiment triste. Il questionne nos choix, nos ambitions. Il souligne nos aveuglements qui nous empêchent de voir les choses simples de la vie. Peut-on rêver un monde meilleur et être lucide sur soi et sur l’Homme ? Je m’arrête là pour ne pas trahir le roman de Léa N’Guessan.
Léa N'Guessan, Le secret d'AdjaratouEditions Vallesse, réédition 2021

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