Bien que la guerre d’indépendance des Etats-Unis ait été gagnée en grande partie par les troupes françaises du général Lafayette, il est resté dans la légende (et cela est très bien symbolisé par le film The Patriot, avec Mel Gibson) que ce sont les milices de patriotes américains qui sont venues à bout de la ténacité des soldats de Sa Majesté (on ne peut toutefois nier leur rôle, qui fut important).
Ces milices se sont armées avec tous les mousquets que possédaient alors les paysans américains, tantôt pour défendre leur famille, tantôt pour chasser, tantôt pour se faire respecter ; suite à la victoire, l’assemblée constituante de Philadelphie (qui rédigea la sanctifiée sinon sainte constitution des Etats-Unis d’Amérique) décida que le droit de constituer milice était fondamental en ceci que lorsque l’Etat outrepasse se devoirs et devient tyrannique, c’est à la population de s’organiser pour se révolter et rétablir sa souveraineté.
Avec le temps, ce droit de milice se mua en droit de port d’arme (subséquemment au droit de milice, la population doit forcément avoir le droit et la possibilité de s’armer facilement en temps de paix) plus simplement, car son aboutissement (l’assurance du citoyen d’être respecté par l’Etat) reste le même, et que les conséquences fâcheuses potentielles du droit de milice (pour ne prendre qu’un exemple facile : le Ku Klux Klan est à sa manière une milice résistant à la tyrannie exercée par un état corrompu et « négrifié » (si on en croit ses membres, du moins) sont écartées.
C’est lors de la conquête de l’Ouest que les armes servirent le plus aux colons moyens (la plupart des citoyens étant alors (comme asteur) dans des villes, autant pour repousser les natifs que les malfrats (qui n’étaient pas si nombreux que Morris & Goscinny le laissent croire) ou surtout, les bêtes sauvages (qui, elles, l’étaient bien plus) ; au passage, l’arme la plus vendue en Amérique à l’époque était le fusil de chasse à canons superposés, et non le Colt ou la carabine Winchester, réservés en grande partie à l’US Army.
Le port d’armes est aujourd’hui pratiqué dans tout le pays avec plus ou moins d’ampleur selon les régions, et des lois légèrement différentes selon les états. Il est par exemple autorisé dans l’état du Colorado, l’Ohio ou l’Idaho de se déplacer sur la voie publique avec une arme à la ceinture, ce qui est strictement interdit en Floride, dans le Delaware ou l’Oregon.
Il y a actuellement environ 300 000 000 d’armes légales aux Etats-Unis, plus approximativement 100 000 000 d’autres, non déclarées. Rappelons que le pays compte 330 000 000 millions d’habitants, plus environ 11 000 000 de clandestins.
Assez curieusement, depuis les années 1970-80, le droit de port d’armes fait l’objet d’un vif débat dans la société américaine alors qu’il est explicitement inscrit dans la constitution (il faut bien comprendre que pour M. Moyen, en Amérique, la Constitution est à un niveau de sacralité égal à celui de la Bible). Ses détracteurs invoquant la violence et l’insécurité que ne manque pas d’occasionner la présence d’armes à feu en tous lieux, ses défenseurs balayant l’argument en prenant exemple sur la Suisse, quatrième pays le plus armé au monde par rapport au nombre d’habitants, et troisième pays le moins violent du monde (seizième dernier pour le taux d’homicide) et affirment ensuite que c’est au peuple, et jamais à l’Etat de contrôler les moyens de résistance à l’oppression, ce à quoi ils s’entendent répondre que la Suisse n’est pas l’Amérique, et que l’oppression n’existe pas en Amérique (ah bon ?), à quoi on leur rétorque qu’on ne commence pas à s’armer après le commencement de la tyrannie, et que Suisse, Amérique ou Autriche (pays le moins violent du monde, deuxième plus faible taux d’homicide mondial ; armes en libre circulation totale), il n’y a pas de lien de cause à effet entre liberté de port d’armes et violence, contre quoi on dit… etc.
Il faut que je termine. Disons donc que la démocratie résout le débat : la population des Etats-Unis est très largement favorable au droit de port d’arme, et il y a fort à parier que jamais ils ne se le laisseront ôter. Selon Jonathan Alpeyrie, une tentative du gouvernement américain de restreindre ou de supprimer ce droit déclencherait « dans l’heure » une guerre civile (imaginez une guerre civile dans un pays qui compte plus d’armes que d’habitants…)
Le débat est ouvert !
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