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Grossir le ciel

Publié le 26 septembre 2021 par Lorraine De Chezlo
GROSSIR LE CIELde Franck Bouysse

Roman - 210 pages

Editions La Manufacture de Livres - octobre 2014

Editions Livre de Poche - janvier 2016

Prix Polar Michel Lebrun - 2015

Prix SNCF du Polar - 2017

Dans les Cévennes âpres, Gus vit seul dans un hameau fermier, seul, sans famille, simplement entouré de son chien Mars et de son voisin Abel, également solitaire. Un jour d'hiver, en janvier, au matin, sur la neige, il voit une tache rouge dans la cour de la ferme d'Abel après avoir entendu un coup de feu. 

Dès la préface, Franck Bouysse touche au cœur, à mon cœur : il évoque Profils paysans de Raymond Depardon, le documentaire qui a filmé le paysan Paul Argaud, le taiseux avec sa crinière hirsute et sa clope éteinte, le retranché à la démarche claudicante. Et il a été inspiré pour le personnage de Gus et le décor de ce roman. Et tout est inspirant, et ces mal-être mal gérés, et ces secrets éhontés, et ces drogués de Jéhovah à qui Gus tient le verbe cinglant, et ces passés qu'on ne sait pas mais que murmurent les murs du café, bref ! 

Extrait :

"Mis à part les désagréments qu’elle pouvait occasionner, il ne détestait pas la neige : elle cachait la saleté et le désordre pendant un temps et il devait avouer que c’était reposant de faire l’économie momentanée du cimetière qui s’étendait autour des bâtiments, là où des cadavres de machines dépecées rappelaient sans cesse des époques révolues, comme des strates disparates dans la coupe d’une carrière abandonnée. Pour l’heure, les surfaces étaient immaculées, planes, creuses ou bosselées, corps albinos de la nature, dont le soleil impitoyable aurait un jour raison."

C'est un véritable roman écrit avec une langue soignée, belle, et une histoire glaçante au cours de laquelle on ressent le froid, on voit la lande, on respire les effluves des hangars, on entend le bruit des pas dans la neige, et des voitures qui se garent.

Les deux personnages principaux, ces hommes bourrus qui rarement se témoignent malgré eux une reconnaissance et même l'envie timide de la compagnie de l'autre, ont eu une jeunesse ou une vie sordide, glauque, violente.

Chaos. Traumatisme. Magistral. Quelle écriture ! Merci, ainsi qu'à Raymond Depardon qui m'a fourni les images tout au long de la lecture...

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