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Feuilleton Goldoni mis en scène par Muriel Mayette-Holtz

Par A Bride Abattue @abrideabattue
Feuilleton Goldoni mis en scène par Muriel Mayette-HoltzCeux qui ont été privés de théâtre peuvent venir voir ce Feuilleton Goldoni en toute quiétude au théâtre de La Scala. Il est impossible qu’ils soient déçus. Et ceux qui ont continué à aller au théâtre (par exemple au festival d’Avignon) seront d’accord pour saluer le travail de Muriel Mayette-Holtz et de son équipage.Voilà ce qu’elle en dit : Cette trilogie est un feuilleton psychologique sur notre incapacité au bonheur. Les deux protagonistes, qui s’aiment sans aucun doute, recherchent un amour pur et unique tout en revendiquant chacun leur liberté. Cette revendication est difficilement compatible avec leur désir d’absolu. Goldoni nous promène dans leurs contradictions sentimentales, de crises de larmes en crises de jalousie, d’élans amoureux en passion cachée. Nous sommes les témoins d’une confession impudique qui nous ramène à nos propres confusions. L’auteur fait souffrir ses personnages de maux inexistants, enfermés dans un aveuglement douloureux et sans issue. Il faudra trois pièces, un deuil, un héritage, une bataille pour approcher l’apaisement…Cette saga se déploie en trois pièces, visibles séparément ou en intégrale. La rupture de ton est nette entre les deuxième et troisième parties. Je recommande donc de les voir dans la continuité. Les effets recherchés par Goldoni qui excelle à faire monter la pression n’en seront que plus sensibles.Car l’auteur italien, mais qui écrivit cette trilogie en France, en 1764, a conçu une sorte de  »série», le terme de feuilleton est donc tout à fait adéquat. Le public des séries télévisées ne sera pas dépaysé. Y compris par le décor car la projection des images de Nice (Murielle Mayette-Holtz est directrice du CDN Nice Côte d’Azur depuis novembre 2019) est une excellente idée. Et par les costumes qui d’une heure à l’autre se rapprochent de plus en plus de ce que l’on porte aujourd’hui. Avec un emploi très habile du noir et de la couleur qui reviendra par petites touches après le deuil.Quant à l’histoire, elle est composée des ingrédients fondamentaux : Zelinda une orpheline plutôt intelligente (Joséphine de Meaux) et Lindoro un noble désargenté mais courageux (Félicien Juttner) sont contraints de cacher leur amour au sein de la maison qui les emploie, elle comme femme de chambre, lui comme secrétaire. Ils sont sincères, fougueux, mais jaloux. Quand ce n’est pas l’un, c’est l’autre qui souffre de ce mal qui va peut-être provoquer leur perte.Pourtant ils sont chanceux. D’abord parce qu’ils sont jeunes, beaux, en bonne santé et qu’ils seront héritiers de leur généreux patron … s’ils ne gâchent pas tout à vouloir passer pour ce qu’ils ne sont pas et qu’ils font confiance à la vie au lieu de croire que le diable se cache partout et aime à favoriser les mauvaises intentions. On voudrait leur crier d’arrêter de croire que tous les moments sont pour eux dangereux.
Mais ce serait nous priver de rebondissements multiples, de quiproquos savoureux suite à des scènes qui se jouent en miroir.La mise en scène est très enlevée. Le jeu est fluide comme si les dialogues étaient improvisés sur l’instant. Les moments musicaux sont très agréables. Les adresses au public entre les trois parties entretiennent le suspense. Goldoni gratifie le public féminin de jolis compliments : les femmes ont de l’esprit, de l’ingéniosité et du coeur.Bref, c’est drôle, fin, admirablement interprété. Juste ce dont on avait besoin pour assurer la transition entre l’été et une rentrée épuisante.Feuilleton Goldoni mis en scène par Muriel Mayette-HoltzFeuilleton GoldoniD’après la trilogie Les Aventures de Zelinda et Lindoro de Carlo Goldoni
Traduction & texte français de Ginette Herry
Mise en scène de Muriel Mayette-HoltzAvec Joséphine de Meaux, Félicien Juttner, Augustin Bouchacourt, Charlie Dupont, Ahmed Fattat, Tania Garbarski, Jonathan Gensburger, Frédéric de Goldfiem, Pauline Huriet, Thibaut Kuttler, Ève Pereur et le pianiste François BaruccoDécor et costumes de Rudy Sabounghi
Lumière de Pascal Noël
Musique de Cyril GirouxDu 17 septembre au 3 octobre 2021Durée : 1 h 20 pour chacune des trois parties. En Intégrale le week-end.lascala-paris.com, 01 40 03 44 30
Puis tournée (voir dates sur le site du théâtre national de Nice : www.tnn.fr ) au  Théâtre de la Cité à Toulouse, Théâtre Liberté à Toulon, Théâtre de Liège, Théâtre du Jeu de Paume à Aix, La Criée Théâtre National de Marseille.

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