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Je ne me souviens de rien, de Diane-Sara Bouzgarrou

Par Etcetera
Je ne me souviens de rien, de Diane-Sara Bouzgarrou

Dans le cadre de mon Mois Thématique sur la maladie psychique, j’ai regardé ce moyen-métrage (59 minutes) de la réalisatrice Diane-Sara Bouzgarrou, dont j’avais entendu parler par mon ami le poète Denis Hamel, qui l’avait vu lors de sa sortie en salles en 2017 et qui l’avait beaucoup aimé.

Quatrième de Couverture du DVD (Présentation de la réalisatrice):

Décembre 2010 : la révolution éclate en Tunisie, le pays de mon père. Les cris de fureur du peuple tunisien rejoignent d’une étrange manière l’agitation intérieure qui grandit en moi depuis quelques semaines. Traversant au même moment un épisode maniaco-dépressif d’une grande intensité, je suis diagnostiquée bipolaire et entre en clinique psychiatrique. Au sortir de cette longue dépression, je n’ai presque aucun souvenir de ce moment de vie. Me restent des dizaines d’heures de rushes, des centaines de photos, deux carnets remplis d’écrits, de collages, de dessins, précieuses traces palliant à mon amnésie. Plus de quatre ans après, ces quelques mois de ma vie restent encore inaccessibles à ma mémoire. Le projet de ce film : la reconstituer et tenter de montrer la réalité de cette maladie.

Mon humble avis :

A partir de matériaux disparates, la réalisatrice se prend elle-même comme sujet d’étude et d’examen, et on voit à travers les diverses séquences comment elle perd peu à peu ses repères, avec des discours qui deviennent de plus en plus étranges, un peu outranciers, puis déconnectés de la réalité lorsqu’elle se retrouve en clinique psychiatrique. On voit aussi les réactions très calmes et raisonnables de ses proches et de sa famille, qui semblent à la fois inquiets pour elle mais prêts à la soutenir et, semble-t-il, toujours très présents pour la rassurer et l’écouter, comme son compagnon et ses parents. Au cours de sa maladie, la réalisatrice-héroïne semble traverser des épisodes de grande excitation euphorique, où elle trouve tout « magnifique » (les phases maniaques) mais elle connaît aussi l’abattement, l’angoisse et les pensées suicidaires dans ses phases de dépression. Les images sont par instants saccadées, heurtées, bousculées, et partent tantôt vers le plafond tantôt vers le sol comme pour nous montrer le déséquilibre intérieur de la réalisatrice et les chamboulements de son esprit. Indépendamment de l’image, de nombreux textes s’affichent sur fond noir, et je les ai beaucoup appréciés car ils donnent des points de vue éclairants et une prise de recul sur ce qui nous est montré, comme si les mots écrits constituaient une sorte de salut, quelque chose à quoi se raccrocher en dernier recours. La présence de collages, de dessins, de photos au sein du film complète l’autoportrait psychologique de la réalisatrice et multiplie les facettes et les points de vue.
Un très bon film, qui montre la maladie psychique dans sa réalité et dans son vécu quotidien, sans chercher à présenter la folie comme une chose horrifique ou repoussante, et sans non plus la présenter comme anodine ou banale, et donc, selon moi, avec un regard très juste et très humain !


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