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Arnaud Denis décroche l’Oscar

Publié le 01 octobre 2021 par Morduedetheatre @_MDT_
Arnaud Denis décroche l’Oscar

Critique de L’importance d’être constant, d’Oscar Wilde, vue le 29 septembre 2021 au Théâtre Hébertot
Avec Evelyne Buyle, Olivier Sitruk, Delphine Depardieu, Arnaud Denis, Marie Coutance, Jean-Pierre Couturier, Nicole Dubois, Gaston Richard, Fabrice Talon, dans une mise en scène de Arnaud Denis

Arnaud Denis, c’est l’un des metteurs en scène qui a contribué à souffler sur les premières braises de ma passion du théâtre, il y a plus de quinze ans maintenant. Je crois que je n’ai jamais manqué un de ses spectacles depuis. J’ai été absolument ravie d’apprendre qu’il montait L’importance d’être constant : je l’avais vu dans la pièce montée par Gilbert Desveaux il y a huit ans maintenant et j’avais hâte non seulement de le voir s’en emparer mais également de retrouver une de ses mises en scène avec un peu de monde au plateau. Spoiler : c’était brillant.

Algernon et Jack, deux jeunes amis dandys habitant Londres, s’inventent chacun un personnage pour échapper à une partie de leur vie : pour Algernon, c’est son ami Bunbury demeurant à la campagne qui lui permet d’échapper à la ville ; pour Jack, c’est son frère Constant qui lui permet de rejoindre Londres aussi souvent que possible. Et pour cause : Jack tient à voir souvent sa chère Gwendoline, la fille de la rigide Lady Bracknell, qu’il compte demander en mariage. Algernon, quant à lui, butine de filles en filles jusqu’à rencontrer une certaine Cécilie. Comment parviendront-ils à concilier leurs amours et leurs mensonges ?

Le spectacle vous prend en un instant. C’est comme le pop lorsqu’on débouche du champagne, on a immédiatement l’assurance d’une bonne soirée. Il faut dire que la langue de Wilde est faite pour Arnaud Denis. Il est parvenu à adopter toujours le ton juste afin de maintenir un rythme même lorsque les scènes pourraient tendre à nous lasser. Dans cette histoire tout de même très superficielle, il réussit à trouver la manière de prendre chaque situation pour lui donner son meilleur profil. Et quel profil ! Raffinement et humour anglais sont au rendez-vous pour notre plus grand plaisir.

On se rend compte aussi, grâce à sa mise en scène, à quel point la pièce est bien ficelée : comme elle permet à chaque personnage d’être mis en valeur ou comme elle alterne les différents duos afin de souligner les caractères de chacun. Comme à son habitude, la direction d’acteur est impeccable. Rien n’est laissé au hasard et jusqu’au plus petit rôle, tout est réglé dans le moindre détail. Olivier Sitruk est divin, figure d’enthousiasme et de légèreté, formant un super duo avec Arnaud Denis : l’immoralité du premier s’oppose à une certaine gravité du second et ils se renvoient la balle avec brio lors de leurs échanges.

Et le duo côté femmes est tout aussi délicieux : la retenue de Delphine Depardieu jure à merveille avec le naturel de Marie Coutance. La composition soignée de la première est une perfection digne de haute-couture quand la seconde mise davantage sur une fraîcheur très naturelle pour peindre sa chipie de Cécilie. La reine du spectacle, c’est Evelyne Buyle, géniale Lady Bracknell, qui joue de son autorité naturelle pour mener chacune de ses répliques au plus comique. Ce personnage est un véritable cadeau qu’elle semble déballer sur scène avec un immense plaisir, partagé avec le public : cynique à souhait et toujours avec grande classe, ses apparitions sont toujours ponctuées d’un grand éclat de rire. Les quatre comédiens aux rôles plus secondaires ne sont pas en reste, faisant réellement exister leurs personnages – et quel plaisir de retrouver Nicole Dubois qui fricote avec l’absurde avec son étonnante Miss Prism !

Un spectacle à partager en famille !

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