Grégoire Colard a côtoyé et travaillé pour les plus grands artistes. Il a notamment été l’attaché de presse de Barbara, Brassens, Michel Berger, France Gall, Françoise Hardy. Il est aussi producteur, écrivain et co-créateur de tapageculture.fr, site dédié à toutes les cultures urbaines et contemporaines.
Comment êtes-vous arrivé dans le milieu artistique ?
J’ai toujours été attiré par cet univers. Mon père était peintre, ma mère jouait du violon. Petit, j’ai pris des cours de danse avec Madame Egorova, princesse Troubetskoy, ancienne danseuse étoile qui a notamment formé Serge Lifar[1]. J’ai aussi fait des photos de mode.
Je rêvais d’être une star jusqu’au jour où une interview d’Alain Delon m’a fait comprendre le lourd poids du succès. Comme j’ai toujours été libre, j’ai donc choisi « d’être dans l’ombre de la lumière » en m’occupant de la célébrité des autres. J’ai ainsi partagé leur popularité sans en avoir les inconvénients.
Comment êtes-vous devenu attaché de presse ?
Grâce à Louis Nucéra, écrivain, journaliste et directeur de promotion dans une maison de disques. Il m’a donné ma chance, mais aucun conseil. Il m’a laissé me débrouiller tout seul. J’ai ainsi commencé à démarcher les programmateurs radios et télévision pour placer les artistes.
Je suis ensuite devenu indépendant. J’ai donc pu choisir librement les artistes que je voulais défendre. Cela a bien marché, même si quelquefois il m’a fallu faire preuve d’obstination. Par exemple, je suis fier d’être celui qui a révélé Queen en France alors qu’aucune radio n’en voulait au départ. Je ne suis pas musicien, mais j’ai de l’oreille. Je sens ce qui peut marcher ou pas. J’ai aussi fait connaître Michel Berger au grand public. J’ai travaillé dix-huit ans avec lui. Au fur et à mesure des années, nous sommes devenus amis.
Vous êtes aussi écrivain…
Oui, j’ai toujours aimé cela. Les livres sont importants pour moi. Dans ceux que j’ai écrits, dont certains avec Alain Morel[2], je ne révèle absolument rien des confidences qui m’ont été faites par les artistes et célébrités que j’ai côtoyées. Je suis juste heureux de faire partager au public quelques moments privés sans pour autant tout dévoiler.
Vous venez de sortir un livre sur François Mitterrand, « Monsieur le Président, cher François… », co-sécrit avec Margit Danel. Comment s’est passée votre collaboration ?
J’ai rencontré Margit par l’intermédiaire de son fils, Jean-Pierre Danel, un immense musicien.
Margit a côtoyé François et Danielle Mitterrand pendant une vingtaine d’années. Les liens d’amitié se sont transformés en relation de famille. J’ai moi-même rencontré François Mitterrand à plusieurs occasions dont la première fois à un dîner chez Pascal Sevran avec Charles Trenet.
Concernant notre collaboration, Margit m’a raconté ses souvenirs que j’ai enregistrés au fur et à mesure. Après chaque séance, j’écrivais le texte puis je lui soumettais. On corrigeait, elle ajoutait des anecdotes. A la fin, je lui ai remis tout le tapuscrit pour qu’elle le relise et fasse les dernières modifications qu’elle jugeait nécessaires.
Quels sont vos projets ?
Je suis en train de préparer un spectacle musical avec Jean-Pierre Danel et Jonathan Kerr. Je suis aussi en train d’écrire un livre d’anecdotes sur d’autres personnes célèbres que j’ai fréquentées.
On m’a toujours proposé beaucoup de choses sans que je m’y attende, et cela continue ! La vie est pleine de possibilités. Il faut savoir écouter, prendre des risques et ne pas hésiter à saisir les opportunités.
[1] Serge Lifar (1905-1986) : danseur et chorégraphe
[2] Michel Berger, l’étoile au cœur brisé (Ed. Flammarion) ; France Gall, le destin d’une femme courage (Ed. Flammarion)