Le Canada est petit. Minuscule sur la planète terre. Peut-être pas en superficie, bien au contraire, je crois même, sans me tromper que nous nous retrouvons parmi les 5 plus grandes étendues au monde. Mais en terme d'influence mondiale, nous sommes passablement inexistants.
Petits. Très très petits.
Ce n'est pas simplement depuis le passage au pouvoir de Stephen Harper qui a fait de nous un peuple grossier et risible internationalement, mais Justin est aussi la barbie de service qui plait aux matantes, mais qui, sur l'échiquier mondial, n'est qu'un bon rieur autour de Manu Macron ou un autre de leur âge.
Quand je travaillais dans une grosse compagnie internationale de Ville St-Laurent, nous devions gérer certains de nos achats, en conjonction avec les acheteurs des États-Unis. De la même dite compagnie. Si les quantités étaient suffisantes, on faisait produire, 6 mois à l'avance, en Asie. Mais il fallait avoir de quantités suffisantes. Ce qui n'était pas souvent le cas. Les États-Unis et le Canada étant des gens et des marchés extraordinairement différents. Chaque mois, les acheteurs de chez nous venaient me voir, paniqués, me demandant pourquoi on ne faisait pas produire en Asie, ceci, cela. Ils faisaient semblant de ne pas avoir lu mon courriel disant ce qui serait produit et ce qui ne le serait pas, et ils venaient me voir pour que je fasse des miracles. J'appelais les États-Unis, mais c'était toujours TOUJOURS, inutile. Je crois que ça n'a fonctionné qu'une seule fois en 6 ans, j'essayais de leur faire acheter ce que nos acheteurs avaient acheté, je leur demandais d'augmenter leurs achats anticipés pour atteindre les minimums, mais PFFFF! le Canada? Ils s'en sacraient diablement! Nous étions à peine un grain de sable sur leur plage. C'était un rôle que je détestais car chaque mois, quand les résultats arrivaient, on me rappelaient que nous étions ridiculement rien. Un pion sur l'échiquier des États-Unis.
Laissez-moi aussi jaser d'une autre observation que j'ai récemment faite. En me travaillant une fort agréable liste de lecture de la formation canadienne Platinum Blonde, j'ai mentalement beaucoup voyagé. Quand la formation de Toronto a lancé son premier album, j'étais en 5ème année. Je mentirais de dire que j'avais entendu parlé d'eux, alors. Toutefois, en 1985, alors que j'ai 13 ans, le trio devenu quatuor lance son second album qui sera son sommet commercial. Le premier album a vendu 300 000 fois. Le second, trois fois et demi plus. J'ai découvert le second d'abord, mais ai toujours aimé davantage le premier. Encore aujourd'hui.
Pour le premier album, le premier single était accompagné d'un fameux video qui avait fait grande impression sur moi. Que j'adore encore. Ils ont d'ailleurs gagné un prix canadien pour ce clip, qui est, quand même, assez simple, mais la chanson est si formidable, ça devait y jouer pour quelque chose. Le second clip/single, était la chanson titre et là aussi, le clip est dans le même style que le premier. Avec ce parfum d'underground qui lorgne vers le culte. Ils avaient eu du flair évoquant, peut-être malgré eux, l'esthétique de Mad Max, une série de films qui seraient très populaire dans les années 80. C'est peut-être ce clip qui a remporté un prix. Pour le dernier clip, tiré de cet album, on les montrait en spectacle chanter qu'ils n'étaient pas en amour. Pour le tout dernier single, on avait pas trouvé d'argent pour tourner un clip.
C'était 1983-1984. Madonna, Duran Duran, Godley & Creme, Prince, Depeche Mode, les Pet Shop Boys, ne faisaient que commencer à révolutionner le monde du clip et la promotion de l'image en général, en musique. Lancer un nouveau single ne se faisait plus sans être accompagné d'images pour promouvoir la chanson. En 1985, on y allait avec un premier effort pour mousser le second album, un morceau qu'on avait écrit en l'offrant justement à Madonna qui l'avait refusé, en se demandant probablement qui étaient ces blondes platines. Ça a été leur plus mondial succès. Le second clip était aussi assez réussi, Duran Duran, avec qui il y a de multiples parallèles musicaux, offrira un clip dont le style s'en rapproche, quelques années plus tard. On sentait la formation ontarienne dans la compréhension de l'image. Savait bien la vendre. Ado, je tentais même de copier leur style, la couette sur l'oeil.
Mais pour le troisième single/clip, on frôlait la catastrophe. On offrait un intéressant morceau musical mais dans ce qu'on appelle "un split-screen" où d'un côté on a la moitié d'un concept qui aurait été un clip narratif peut-être intéressant, et de l'autre, le band, 4 Canadiens à L.A., dans le tourisme absolu. Zéro mystique. Pas de mystères d'artistes. Des petits Canadiens fiers d'être à L.A. Comme si on avait refusé de choisir entre deux concepts. Le dernier clip serait aussi assez paresseux, offrant à nouveau le band en spectacle, dans une version beta.
Pour l'album suivant, leur dernier sur les grands circuits avec les grandes maisons de disques, on se trompera beaucoup musicalement sur ce qui plaisait en 1987 (en tout cas, si on visait le populaire) et un de leur clip était, toujours en beta, la réponse, (très noble, je le souligne) à la fondation Make Your Dreams Come True, qui en faisait des géants dans le coeur d'une jeune fille précise de l'Ontario, mais bon...le band resterait petit à jamais par la suite. Incapable de retrouver leur flair du début des années 80. Le côté inatteignable, mystique, n'y était plus. Vendre de l'image a ses limites.
Si le Canada reste petit, le Québec est plus minuscule encore. Voilà pourquoi on peut tomber en bas de nos chaises en lisant certains anti-vaxx sur le net. Voilà pourquoi un gouvernement peut aussi freiner une menace, celle de suspendre sans solde tous les professionnels de la santé non vaccinés le 15 octobre dernier. Parce que trop de professionnel(le)s de la santé ont choisi la petitesse d'esprit.
Voilà pourquoi parfois, on peut voir la même face dans plusieurs annonces consécutives qui ferait dire à un(e) nouvel(le) arrivant : "mais voyons! n'ont-ils que 10 comédiens ici?" ou encore retrouver la même personne animer à la télé, à la radio, chanter dans cette radio et faire des pubs. J'ai même pas penser à Véronique Cloutier, mais à Julie Bélanger et Marie-Eve Janvier. Dont j'ai d'abord cru à une annonce de shampoing près de mon travail, le matin, avant de réaliser qu'à la radio, on vend aussi de l'image.
C'est la photo ici, à droite. On vend un show de radio. De l'image.Au lieu de vendre des voix.
C'est probablement pour ça qu'on arrive à faire croire un peu n'importe quoi.
Parce qu'on arrive pas à se voir grand.
Ou parce qu'on ne retient que l'image. La surface.
Assez peu la profondeur.
C'est pas nécessairement laid d'être petits. Mais ça peut salement décevoir.