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Les poissons sont les gardiens de la mer

Publié le 22 octobre 2021 par Paulo Lobo
Le monde est à la merci des esprits carrés et bureaucrates.
J’ai une pensée pour ceux qui ne pensent pas, ceux qui se contentent d’être et de traîner leurs guêtres. 

Les voilà dans les allées du magasin, l’air ingénu et le pas indolent, ils ne sont dupes de rien, jettent un regard amusé sur les produits, se rappellent qu’ils sont mortels comme les autres, consommateurs comme les autres, chiffonniers comme les autres.

Fredonnant un air de chanson populaire, ils aiment aussi la mégère apprivoisée.

Entendez-vous leur coeur qui bat ? Voyez-vous leurs pieds qui vont ? Estimez-vous qu’il faut les enfermer à double clef?

Les erreurs d’orthographe ne sont pas leur tasse de thé.  

Lentement, leurs corps se diluent dans le flux des jours. 

Et toi, pourquoi me regardes-tu d’un air si ébahi ? Et bah, oui, j’essaye, donc je suis. 

Pourtant ce matin, le réveil a été laborieux. Le lit était extrêmement plaisant. Il a fallu faire ma toilette au pas de course. 

Vite, il fallait enfiler le pantalon, mettre les bottes, dire au revoir tout le monde et partir à l’aventure. Le franchissement du seuil de porte était une étape cruciale. 

J’aime cet air qui soudain frappe mon visage. 

Pardon.

J’aime cette lumière qui vient sur moi comme émise par un projecteur céleste. Dehors, c’est le branle-bas de combat. Les gens ont sorti leurs épées, certains font mine de dessiner dans l’air des figures acrobatiques et géométriques extrêmement complexes, mais futiles en réalité puisque dénuées de cible.

Je rentre dans le bus et je prends place sur le premier siège venu. Dans la première rangée avant, debout face aux voyageurs, un orateur aux cheveux fébriles déclame une poésie d’un ton sentencieux et émouvant. Il dit que les oiseaux sont le ciel de la terre. Et que les poissons sont les gardiens de la mer.

Mais personne n’écoute. Les gens ont les yeux rivés sur leurs téléphones. Hypnotisés, ils ne font attention ni au paysage qui défile ni à la profondeur des vers dits. Tout cela est étonnant se dit-il. Il y a quand même de fort beaux visages, mais personne ne leur prête attention, c’est comme si l’intérêt pour la race humaine s’était noyé dans les limbes de l’enfer. Seule compte l’émanation électronique de ces engins diaboliques, seuls comptent les aboiements hargneux de cet écran multiplié.

Pourtant, le ciel est fabuleux dehors, et on ferait bien de contempler ses nuages colorés de rouge et de bleu.

Mais voilà, tu es libre Max, si tu as envie d’être un arbre, laisse-toi pousser des feuilles, raffermis ton tronc et puise l’eau à travers les racines de ton sol. Et si tu as envie d’être un avion, remplis-toi de combustible, déploie tes ailes sur le tarmac, prends ton envol, 

voles, 

Tu salueras les oiseaux pour moi!

Les poissons sont les gardiens de la mer

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