Il va bien falloir que je pense à la poésie
ainsi que je l’ai certes fait toute ma vie.
Mais il me faut aussi penser à elle autrement.
Oh elle m’a donné de beaux moments en tant que lecteur
Comme poète ? Quoi ?
Une danseuse, la poésie,
qui a moins donné au poète qu’une cocotte.
Eh oui, c’est ainsi que je pense parfois à la poésie aujourd’hui.
Ah, la vache, la poésie !
Mais la poésie n’est pas une vache, hélas.
Au moins une vache donne du lait et si l’on se perd dans la campagne par une nuit froide
et qu’on trouve une étable où s’abriter
elle donne aussi de la chaleur si l’on se blottit contre elle.
Mais si l’on s’endort contre la poésie sous le gel sans pitié d’une nuit
on meurt non pas comme un chien mais pire encore
comme un foutu poète.
Extrait de mon recueil Estime-toi heureux. © Éd. Orage-Lagune-Express, 2021.
Photo © Christian Cottet-Emard