Magazine Culture

Marie Blanche, Jim Fergus

Par Antigone

Marie Blanche, Jim Fergus

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Luc Piningre

La première version de Marie Blanche est sortie en 2011. Jim Fergus a voulu en sortir une nouvelle version, agrémentée de photographies. C’est donc cette nouvelle version, sortie cette année en France, que j’ai lue, suite à une opération Masse critique de chez Babélio. Je ne connaissais pas Jim Fergus, j’avais entendu parler de son Mille femmes blanches… et j’ai été assez surprise du contenu de ce livre. Le récit commence en 1995, alors que Jim Fergus rend visite à sa grand-mère, Renée, quatre-vingt seize ans. Elle nous est présentée comme une femme froide, tyrannique, ayant brisé sa famille, et notamment sa fille, Marie-Blanche, la mère de Jim Fergus. Il retrace donc son parcours, pour expliquer son destin étonnant. Toute la première partie de ce pavé est donc consacrée à Renée, son histoire, quand la deuxième partie donne la parole à Marie-Blanche. Tout cela est entrecoupé de photographies, et parfois de coupures de journaux, de lettres. Renée voit le jour dans des circonstances mystérieuses. La rumeur doute qu’elle soit véritablement la fille naturelle de celle qui se présentera comme sa mère, sans l’entourer pour autant d’affection. Elle grandit dans une grosse propriété, à la campagne, à La Borne-Blanche, sans savoir que son père, le Comte de Fontarce, est ruiné. Son oncle, homme d’affaire et gros propriétaire de terres en Egypte, accessoirement l’amant de la mère de Renée, va alors faire une proposition saugrenue à la famille. Il va les accueillir en Egypte, payer leurs dettes, en échange de leur fille, qu’il souhaite adopter. Le lecteur se rendra vite compte qu’il souhaite bien plus encore, entourant la jeune fille d’un climat incestueux pesant. Et c’est ce qui m’a beaucoup intrigué dans ce récit, choqué, la manière dont on laisse croire au lecteur que cette jeune fille de quatorze ans, Renée, a tout orchestré pour arriver à ses fins, comme si c’était elle la manipulatrice dans cette histoire, la séductrice de son oncle. J’ai fatalement pensé à la Lolita de Nabokov. Quelle choix avait donc cette Renée de quatorze ans ? Mis à part celle de croire qu’elle était en effet l’instigatrice de son destin, et non pas la victime, pour s’en sortir psychologiquement. Et comment pouvait-elle faire autrement ensuite que faire les mauvais choix avec ses enfants, en terme d’éducation, surtout avec sa fille ? Elle tente ensuite de la protéger maladroitement de ce même oncle, tandis qu’il essaiera d’embrasser Marie-Blanche, des années plus tard. Mais, par ailleurs, j’ai quand même aimé ce récit, particulier, qui dresse le portrait intime, et peu flatteur en général, de deux femmes, issues d’une certaine classe sociale. Elles traversent toutes les deux le siècle, enfermées par les codes du milieu, cherchant leur liberté, dévastées par des drames, et se démenant pour survivre. A la fin du livre, Jim Fergus explique sa démarche et l’évolution de ses réflexions, et j’ai été assez émue par sa sincérité et sa modestie. Un ouvrage étonnant.

« Avec une grande pudeur, Jim Fergus retrace le destin de ces deux femmes et signe un livre à la fois personnel et universel, bouleversant et sensible. Une fois encore, Jim Fergus frappe très fort. »
François Busnel

Editions du Cherche midi – 26 août 2021

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…

1
 
2
 
3
 
4
 
5

Une lecture effectuée dans le cadre d’un Masse critique de chez Babelio – La fiche du livre sur le site


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Antigone 5421 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines