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Deux Poèmes de Gérard de Nerval

Par Etcetera
Deux Poèmes de Gérard de NervalPortrait de Nerval

Dans le cadre de mon mois thématique sur la maladie psychique, je vous propose deux poèmes très célèbres de Gérard de Nerval, poète romantique et mélancolique par excellence.
Note sur l’écrivain :


Gérard de Nerval (1808-1855), de son vrai nom Gérard Labrunie, est une figure majeure du romantisme français, essentiellement connu pour ses poèmes et ses nouvelles, notamment son ouvrage « Les Filles du feu », son recueil de sonnets « Les Chimères » et sa nouvelle poétique Aurélia publiée en 1855. A partir de 1841, il traversa plusieurs épisodes de délire et fut soigné et hébergé dans la célèbre clinique du docteur Blanche. Le 26 janvier 1855, il fut retrouvé pendu à une grille d’une ruelle sombre du centre de Paris, décès que l’on interprète généralement comme un suicide, même si plusieurs hypothèses ont évoqué le meurtre.

Le point noir

Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l’air, une tache livide.

Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
Sur la gloire un instant j’osai fixer les yeux :
Un point noir est resté dans mon regard avide.

Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
Partout, sur quelque endroit que s’arrête mon oeil,
Je la vois se poser aussi, la tache noire !

Quoi, toujours ? Entre moi sans cesse et le bonheur !
Oh ! c’est que l’aigle seul – malheur à nous, malheur !
Contemple impunément le Soleil et la Gloire.

Gérard de Nerval, Odelettes

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El Desdichado

Je suis le Ténébreux, – le Veuf, – l’Inconsolé,
Le Prince d’Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m’as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le Pampre à la Rose s’allie.

Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la Reine ;
J’ai rêvé dans la Grotte où nage la sirène…

Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron :
Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée
Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

Gérard de Nerval


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