Ma mère avait ce geste, d'Alain Rémond

Non, il n’écrira pas à propos de son cancer comme on le lui a suggéré. Il aborde celui de sa mère, celui qu’elle n’a pas su parce que les médecins avaient choisi de le lui cacher. À plusieurs reprises, dans ce livre, Alain Rémond fait comprendre qu’il veut éviter tel ou tel sujet, qu’il va consacrer un livre à sa fratrie (10 enfants, ayant vécu en Bretagne) : la soeur qui le rattrape un jour de colère et de fugue, celles et ceux qui se retrouvent sur les chemins tant de fois parcourus… Il peut évoquer son père et revient à ce geste de sa mère. N’avons-nous pas, chacune, chacun, le souvenir d’un geste banal, quotidien, qui ne prend son sens qu’avec le temps et la disparition ? Ce livre, le deuxième que je lis d’Alain Rémond — après Chaque jour est un adieu il y a environ quinze ans — m’émeut comme le précédent. Cette façon de parler des choses qu’on essaie de tenir à distance pour n’en pas être bouleversé, et finalement de parvenir à exprimer ce qu’on ne pouvait pas. Il le sait bien, Alain Rémond, lui qui commence son livre comme s’il voulait s’en débarrasser et nous entraîne dans une suite de petits récits très sensibles à partager.