Le Muséum national d’histoire naturelle et l’atelier EXB ont publié vers la fin de l’année 2020 un très beau livre contenant des textes de Roger Caillois (Pierres, L’écriture des pierres, Agates paradoxales) accompagnés de photos de la collection du même Roger Caillois conservée au Muséum.
Chaque mois, dans ce blog, nous avons rendez-vous avec ces pierres.
Photographie : François Farges
Si la nature, au terme de combien d’erreurs et de tâtons, a produit enfin des êtres lucides et responsables, comment ne pas comprendre qu’elle est tout insinuée en eux ; qu’elle les hante, les occupe et les emplit ; que s’ils croient différer d’elle, c’est en vain et par présomption ; qu’ils ne sauraient lui être plus fidèles qu’en usant à plein des privilèges qu’elle a ménagés à leur espèce au prix d’une patience opiniâtre et d’heureux placements ; qu’elle pousse maintenant ses palpes à travers eux, par eux et leurs plus subtiles intuitions ; et que les raisonnements de leur intelligence ne sont rien que les derniers pseudopodes, toujours myopes, inventés par la gigantesque amibe insatiable et populeuse.
Laisser passer en soi la nature, ce n’est pas pour l’homme tenter ou feindre de retourner au nerf ou à l’inerte, ni essayer de se démettre des pouvoirs qui lui sont échus. C’est, au contraire, les approfondir, les exalter et les contraindre à de nouveaux devoirs.