Magazine Culture
La vie a toujours préféré les leaders, les personnages charismatiques, ceux qui n'ont pas peur de s'afficher, de prendre toute la lumière sur eux. Pourtant, dans l'ombre, c'est parfois les autres, plus besogneux ou simplement moins consensuels qui tirent les fils. Loin de moi l'idée de dire que chez les anglais de Blur, le talent proviendrait surtout du guitariste Graham Coxon et pas du médiatique chanteur Damon Albarn, mais il est parfois nécessaire de rétablir un semblant d'équilibre. Après, vous pourrez arguer que Coxon reprend avec Superstate plus ou moins le concept de Gorillaz et est donc plutôt dans le rôle de suiveur. En effet, le projet est à la base une bande dessinée dont les 15 histoires ont été mises en musique par le guitariste de Blur. Le disque est déjà sorti en août dernier, le livre ne sortira qu'à la fin du mois et c'est déjà évident qu'ils ne rencontreront ni l'un ni l'autre le succès des oeuvres auxquelles participe Albarn. Le nouvel album de ce dernier paraît d'ailleurs cette semaine, histoire d'éclipser si besoin était un peu plus les productions de son binôme au sein de Blur. Pourtant, à l'écoute de son foisonnant Superstate, rempli à ras bord - près de 80 minutes -, force est de constater que la concurrence entre les deux hommes devrait être autrement plus ardue. Coxon s'aventure moins dans des territoires éloignés de ce qu'il a l'habitude d'emprunter, il sort moins de sa zone de confort - mon dieu que je déteste cette expression, employée régulièrement comme justification aux réussites ou aux échecs de nos sociétés capitalistes, mais cela est un autre sujet. Mais si parfois Gorillaz part trop dans tous les sens, quitte à nous laisser sur le bord du chemin sur certains morceaux/albums, Superstate propose une oeuvre plus homogène et cohérente, plus apte au final à être écoutée d'une traite. Gorillaz sera au passage de retour pour le festival We Love Green en 2022. Avec Coxon en première partie pour son Superstate ? Si seulement ...