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Le dessous des cartes – nouveaux murs.

Par Francois155

Vous connaissez tous l’excellente émission géopolitique de Jean-Christophe Victor. Vu ce matin sur Arte la séquence consacrée aux « Nouveaux murs », particulièrement passionnante (voir vidéo plus bas) et qui m’inspire ces quelques réflexions « à chaud ».

Au-delà des enjeux géopolitiques que posent les murs, frontières passives-agressives, outils de séparation entre les nations, les peuples, les parties en conflits ; qu’ils soient acceptés par tous ou, le plus souvent, imposés par l’un des protagonistes, les murs, murailles, fortifications ont toujours existé dans l’histoire. Avec des résultats mitigés, il faut le reconnaître…

Car le mur, en lui-même, ne saurait suffire à protéger celui qui le bâtit : il n’est que la matérialisation physique d’une volonté (peut-être même une marque d’impuissance comme le suggère Robert dans son exposé ?), qui doit utiliser d’autres moyens pour s’affirmer et vaincre. Du reste, les murs d’aujourd’hui ne servent plus seulement à séparer deux ennemis : on peut les utiliser pour tronçonner un ou des adversaires, afin de les couper de leurs renforts et soutiens, pourtant postés non loin. La situation actuelle de Bagdad est éclairante dans toute sa complexité.

Et puis il y a la dimension militaire du mur : ouvrage défensif destiné à dissuader l’adversaire d’attaquer, à le stopper peut-être, à l’user du moins, il prend alors le nom de « ligne ». Là encore, ces lignes ne peuvent emporter la victoire, même défensive, à elles seules : si elles peuvent absorber un certain niveau de chocs, elles ne supporteront pas une attaque déterminée, et puis elles peuvent être contournées. L’articulation « défense puis attaque », voire même « défense et attaque », est essentielle à la victoire.

La ligne n’est qu’un pis aller, certes utile, mais non suffisant. Ce n’est pas tant la Ligne Maginot qui a provoqué la défaite française en 1940 (quoiqu’elle ait, en détournant des crédits, empêché indirectement le développement des grandes unités de chars) : c’est le concept en lui-même, et les doctrines qui en découlaient, qui étaient erronés à la base.

Dans la fin du commentaire, Jean-Christophe Robert invite à dépasser les murs et à bâtir des ponts. Autant les premiers sont défensifs, servant à interdire le passage aux armées, autant les seconds sont des ouvrages offensifs qui permettent de s’affranchir de certaines coupures (naturelles ou artificielles) qui entravent la marche des troupes au cœur du territoire adverse.

Une bonne stratégie ne saurait être que défensive : les murs gèlent les conflits, gênent l’adversaire, mais ils n’ébranlent pas sa volonté de manière décisive. Et c’est elle qui est le cœur de la lutte. Seule l’attaque peut soumettre ce ressort. Une bonne stratégie doit donc être duale ou la volonté de l’ennemi finira fatalement par trouver une voie de contournement : défendre quand et là où on ne peut se battre, parce qu’on n’en a pas la possibilité ou la volonté ; attaquer dans tous les autres cas.

Construire un mur, pourquoi pas, mais garder juste derrière des ponts pour avancer dans l’adversaire s’il se décide malgré tout à attaquer. Voire même, peut-être mieux encore, parvenir à l’attaquer depuis derrière le mur, relativement à l’abri de ses coups…

Bon, tout cela est un peu confus et demande clairement à être ordonné et approfondi. Regardez l’émission (une dizaine de minutes) et réfléchissez à votre tour à l’objet, au symbole « Mur », dans sa dimension géopolitique, stratégique et même tactique.


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