Tycho Brahe est un astronome danois du XVIe siècle. Nicolas Cavaillès en raconte l’histoire à travers plusieurs prismes successifs : la chronologie d’abord, la peinture ensuite, la littérature et le regard d’un promeneur.
Cet homme qui perdit son nez à 22 ans à la suite d’un duel (il le remplaça par une prothèse) fut pendant une vingtaine d’années protégé par le roi Frédéric II de Danemark qui lui confia une île où il installa ses instruments, une bibliothèque, et sa famille. Ses découvertes sont peu passées à la postérité, certaines s’étant révélées erronées, d’autres ayant été très vite remplacées par de nouvelles. Il ne suivit pas Copernic dans l’idée que la terre tourne autour du soleil mais il eut pour disciple Kepler.
Tout un chapitre est consacré à la description d’un portrait détaillant ses découvertes et ses centres d’intérêt. Il découvre une nouvelle étoile, une supernova, annonce le passage d’une comète… Sa véritable passion va à la précision des mesures, à l’observation diurne et nocturne. Son besoin de précision va l’amener à inventer la trotteuse, le tic-tac des secondes que nous avons un peu perdu aujourd’hui.
Et l’auteur nous emmène ensuite dans un texte de Shakespeare, contemporain de Tycho Brahe. C’est Hamlet, pièce dans laquelle on entend : « Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark ». Claudius ne s’intéresse-t-il pas à l’astronomie ? Tycho Brahe n’a-t-il pas été trahi par le fils du roi Frédéric II ? Et le temps, qui obsédait Tycho, n’est-il pas « out of joint » (détraqué) selon les mots de Hamlet ? Ce sont suppositions comme on peut en faire sur l’oeuvre du dramaturge dont la pièce fut créée au sortir de la peste qui ravagea l’Europe à cette époque.
La dernière partie du livre est une sorte de rêverie : la marche d’un promeneur sur l’île abandonnée le met en relation avec les étoiles et avec le temps : « Mesurer le présent et l’inscrire dans une série ouverte, c’était donner une seconde vie au passé dans la prédiction de l’avenir ».