Comment revisiter un conte ? Jean-Claude Mourlevat s’y est employé pour écrire L’enfant Océan. Évidemment, il a dû prendre en compte la réalité du temps où il a écrit et son histoire en porte les signes. Dans les témoignages recueillis par le narrateur, il n’est pas question de cailloux pour marquer le chemin et le pain, qui n’est pas pour les oiseaux, est offert par la boulangère, touchée par le dénuement des enfants qui le lui demandent. L’épopée des frères Doutreleau (qui ne sont pas les frères Loutredeau) commence une nuit quand le plus petit de la fratrie, vraiment très petit, incite ses six frères à quitter le domicile familial, qu’un panneau indique « Chez Perrault », par crainte qu’il leur arrive un grand malheur. Et chacun d’y aller de son point-de-vue, dans son langage : assistante sociale, chauffeur routier, écrivain en résidence, garagiste, épicier, et les sept enfants, l’un après l’autre… Ils vont vers l’Ouest, vers l’Océan, l’Océan Atlantique, fuyant la maltraitance parentale et se fiant presque aveuglément au plus petit, lui-même muet mais dont tous les frères comprennent le langage et apprécient la débrouillardise. C’est Yann, le petit, et il a disparu.