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Différence entre cancel culture au canada et en france

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
DIFFÉRENCE ENTRE CANCEL CULTURE AU CANADA ET EN FRANCE

Récemment, en réaction à la cancel culture, émerge un phénomène singulier : LA CONTRE – CANCEL CULTURE. Elle est le fait de partis dits d’extrême droite, de personnes qui se disent de souche, mais également, le fait est surprenant, de philosophes, d’intellectuels, de journaliste et de politique.

Si certains sont dans leur rôle de contre-cancel culture du fait de leur héritage idéologique, l’implication des philosophes, des intellectuels, des journalistes et de politiques est déconcertante. D’habitude, la mission de ces élites est de comprendre les faits, de les analyser avec sagesse, ensuite de proposer des solutions raisonnables.

Plus inquiétant, ces élites au lieu de s’élever au-dessus des événements, au contraire, sont à la recherche, quasi maladive, de la moindre déclaration à travers le monde, du moindre commentaire dans les réseaux sociaux, porteur d’une quelconque cancel culture. Justement, parce qu’elle est le fait des élites, de l’intelligence, la contre cancel culture est des plus préoccupante.

Ainsi, en réaction à un autodafé au Canada, des élites françaises se sont engouffrées dans la contre cancel culture comme si la France était menacée dans ses fondements mêmes.

Un légitime question : ces intellectuels n’en font-ils pas une affaire strictement personnelle ?

Si c’est le cas, ces mêmes personnes risquent de nous entraîner dans des voies minées, comme le firent leurs ancêtres dans le passé.

Il eût été plus sage, si ce mot a un sens de nos jours, de comprendre les réactions de ces personnes, d’analyser la cancel culture, de voir la souffrance qu’elle comporte.

On ne saurait unifier et standardiser les réactions de cancel culture. Ces réactions diffèrent en fonction des pays, aussi je vous propose d’analyser le cas du Canada et de le comparer à celui de la France.

LA CANCEL CULTURE AU CANADA.

Récemment, on a vu des personnes, pas très nombreuses en vérité, procéder à un autodafé de quelques livres jugés offensant contre une culture non dominante. D’emblée, on a fait une analogie entre cette action et les autodafés des nazis. Cela est, me semble-t-il, une aberration intellectuelle. Les autodafés d’une façon générale entrent dans les symboles et les métaphores. C’est-à-dire qu’on exprime sa souffrance par des actes qui peuvent choquer. Une réaction saine, du moins de la part de personnes saines, serait de comprendre cette action dite cancel culture, d’amorcer une discussion pour connaître les états d’âme des organisateurs de ces mêmes actions.

Malheureusement, et même en France, journaliste, intellectuels, philosophes, politiques, y ont opposé une contre cancel culture. Cette réaction est abjecte, puisqu’elle consiste à spolier des humains de leurs souffrances les plus profondes.

Les autodafés au Canada sont une réaction à un passé triste et criminel. En effet, récemment, on a découvert les ossements de milliers d’enfants autochtones dans des institutions catholiques supposées leur apporter la civilisation. Tous les autodafés du Canada ne sont rien comparés à ce crime de masse. On découvre, encore, des actions odieuses comme, semble-t-il, la stérilisation de femmes dites autochtones.

Il ne faut pas perdre de vue que l’histoire du Canada est récente, et que ce sont les autochtones qui forment les premiers habitants de cette contrée. L’histoire de l’homme blanc et chrétien n’est que récente. Aussi, les réactions des autochtones sont des plus légitimes. Les intellectuels devraient réagir de façon plus saine, se remettre en question, proposer des solutions pour relancer une nouvelle idée de la nation canadienne basée sur l’égalité, la justice, et le respect.

Mais, plus grave que la contre cancel culture, c’est le comportement du martyre. En effet, demander pardon aux autochtones, entrer dans la contrition, c’est effectuer de façon inconsciente un transfert de culpabilité : voyez-vous, nous entrons dans la contrition, nous demandons pardon pour notre passé, donc nous sommes des gens bien, et vous êtes des gens coupables (puisque vous nous humiliez !)

LA CANCEL CULTURE EN FRANCE.

Contrairement au Canada, la France est un pays millénaire, une histoire ancienne. Les minorités dites ethniques n’ont rejoint cette civilisation que récemment. La civilisation française ne s’est pas construite en quelques jours. À la différence du Canada, elle est la conséquence d’une longue série d’événements souvent très douloureux, très meurtriers.

Les Français ont souffert dans leur sang, dans leur chair, dans leur dignité. Entre guerres, famines, misères, maladies, les Français ont toujours su se relever pour rebâtir ce qui y a été détruit. L’un des symboles le plus caractéristique de cette histoire sont les photographies de l’après- seconde guerre mondiale. On y voit des Françaises âgées habillées de noir, dans la neige, dans le froid, traînant des chariots de fagots pour se chauffer, des charrettes pour récupérer ce qui reste de leurs biens après les bombardements nazis. Que l’on aime, ou que l’on déteste la France, nous devrions tous saluer le courage de ces personnes.

Les Français le savent très bien, Napoléon Bonaparte était un criminel qui a mis l’Europe à feu et à sang. Mais, c’est une partie de leur histoire et de leur souffrance. La statue de Napoléon Bonaparte est, en ce sens , le symbole de leur histoire, de leur chair, de leur sang. Aussi, quand une minorité, qui n’a rejoint la France que récemment, veut déboulonner cette statue, ils commettent une erreur morale, plus grave qu’ils ne le pensent. Il s’agit d’un profond mépris, d’une profonde désinvolture envers le passé d’un pays qui a souffert pour reconstruire à chaque fois ce qui a été détruit. Ceux, qui, en France, veulent pratiquer ce genre de cancel culture, devraient faire preuve de retenue, de pudeur, de respect. Ils doivent se souvenir, toujours, que les Français sont passé par des moments aussi terribles et poignants que les noyades de Nantes.

Ce qui pose un problème, ce n’est pas le fait de détester les Français, ce qui pose un problème, c’est la volonté d’effacer cette histoire, de ne pas tenir compte de ce passé glorieux, souvent douloureuse, poignant. Aussi, à titre personnel, je suis solidaire, sans la moindre réserve, de la France et des Français quand ils sont victimes de ce genre d’attaque. Je n’en dirais pas plus.

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