Adélaïde est un personnage du livre de Chloé Delaume, Le coeur synthétique (éd. du Seuil - prix Médicis 2020). La voici chantant dans un décor somptueux parmi des corps sensuels, après être rentrée chez elle, vers 17h, espérant trouver dans des magazines la formule qui la mènera aux métamorphoses. Mais, pendant cette soirée solitaire, sans orgasme « et sans cyprine », les fantasmes sont des fantômes et quand, après plusieurs verres, elle dénoue le bâillon de soie bleue des lèvres d’un Saint Sébastien, elle se réveille fort dépitée.
La musique s’imprègne en nous, les voilages et crinolines enferment le rêve qu’elle voudrait libérer. Le clip réalisé par Axel Würsten insiste sur les regards, les yeux tantôt clos, tantôt ouverts, l’écran de la télévision où Adélaïde voudrait se projeter, les miroirs qu’elle traverse, les couleurs que le réalisateur fait naître du rêve.
Adélaïde est seule et chante des refrains pour « faire semblant » de ne pas l’être. Elle est un peu comme une poupée de faïence, une poupée défaillante. « En chien » dit le titre et le refrain parle des « pupilles en faïence », celles des regards en chien de faïence, des regards de défiance où naît paradoxalement le désir. Et c’est sa propre bouche qu’elle imprime, rouge, sur la soie bleue qui scelle les lèvres du jeune homme dans la forêt du rêve. « La solitude est une couleur ».
(Le clip est produit par Phénomènes films avec le soutien du CNC)