Dépassr l'idéologie propriétaire, un article de Pierre Crétois dans le numéro 11 de la Revue Ballast

Récemment, une campagne d’affichage dans le métro parisien reprenait le slogan déjà mille fois entendu du « tous propriétaires »,  prétendant qu’un million de Français seraient devenus propriétaires en 2021. Non seulement cette sorte de campagne revient périodiquement, mais encore elle vend de l’illusion. A-t-on déjà oublié la crise des « subprimes » ? Bien souvent ne sont, en réalité, propriétaires que les banques.

Un article du numéro 11 de la revue Ballast revient sur la question de « l’idéologie propriétaire ». Pierre Crétois y fait la distinction entre le droit de propriété et l’idéologie propriétaire. : « Le droit ne contient ni ne véhicule aucune valeur : il ne fait qu’établir des modalités souvent fines pour trancher par la loi les conflits et les différends qui naissent quotidiennement entre êtres humains. L’idéologie propriétaire renvoie, pour sa part, à un ensemble de croyances qui structurent puissamment nos représentations. » 

L’auteur démonte chacune de ces croyances et aboutit à cette conclusion : « L’idéologie propriétaire constitue une impasse : elle affirme que ce qui provient du travail appartient à celui qui l’a effectué. Pourtant il est presque impossible de faire la part entre ce qui procède de lui et ce qui n’en procède pas, entre la part du propre et la part du commun dans les produits du travail. »

Il poursuit en affirmant que « les droits de propriété ne se contentent pas  de créer un lien juridique entre un titulaire et son bien : ils règlent les relations sociales. »

En conséquence, il faut reconnaître que « les choses coappartiennent à des milieux où se déploient des relations sociales. Elles doivent, d’une certaine manière, être copossédées. »