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Grand-père avait un éléphant

Publié le 28 novembre 2021 par Adtraviata
Grand-père avait un éléphant

Présentation de l’éditeur :

Du monde, la jeune et jolie Kounnioupattoumma ne sait rien, si ce n’est que son grand-père avait un éléphant ! Fille de notables musulmans, elle est en âge d’être mariée. Mais pour sa mère, les prétendants ne sont jamais assez beaux, jeunes, riches, puissants… Surtout quand on songe à la splendeur passée du grand-père à l’éléphant.
Hélas, voilà la famille ruinée. Adieu vaste demeure, domestiques, bijoux en or ! Kounnioupattoumma peut enfin goûter aux délices de la baignade en attendant des jours meilleurs…

Les éditions Zulma me donnent l’occasion de découvrir un roman indien dont l’auteur est- paraît-il, l’un des plus importants de la littérature indienne contemporaine. Il est écrit en malayalam, la langue du Kerala.

Ce conte met en scène Kounnioupattoumma, une jeune fille privilégiée. Sa mère ne cesse de lui répéter : « Pattoumma, mon trésor, tu es la fille chérie de la fille chérie d’Anamakkar, le noble Makkar à l’éléphant. Ton grand-père avait un éléphant, un grand mâle à défenses ! » (p. 10) Elle n’a rien d’autre à faire que de se préparer au mariage, à attendre le prétendant parfait qui correspond à son statut et plus le temps passe, plus Kounnioupattoumma doit se tenir prête : parée d’une riche tenue et de bijoux resplendissants, c’est à peine si elle peut lever le petit doigt. Mais voilà que le père de famille subit un cinglant revers de fortune : adieu veaux, vaches, cochons… La famille habite désormais une petite maison misérable dans un misérable village. Kounnioupattoumma, qui a un bon fonds, apprend tant bien que mal à se débrouiller, à tenir la maison, à cuisiner. Et surtout, pendant que sa mère se lamente indéfiniment sur ses rêves de gloire enfuis et que son père ne ait toujours rien faire de ses dix doigts, la jeune fille peut sortir de chez elle, découvrir la nature, se baigner dans la rivière… Et elle rencontre ainsi un mystérieux jeune homme qui lui fait battre le coeur et sa soeur Aïsha.

Dans ce court roman d’initiation plein d’humour, il est question de religion, de traditions qui enferment mais aussi d’un islam plus ouvert, de l’éducation des filles, de modernité, d’émancipation féminine, de la découverte de l’amour. Est-il nécessaire de préciser que j’ai beaucoup aimé ?

« Il lui semblait que ces événements remontaient à plus de mille ans. D’ailleurs c’était un peu vrai, car le temps de l’enfance était loin et depuis lors beaucoup de choses avaient eu lieu. Kounnioupattoumma ne pouvait se remémorer cet épisode sans sourire. C’était la vie, ni plus ni moins, une chose étonnante de bout en bout, dont on ne pouvait jamais connaître le sens. Ce qui arrive dépasse l’entendement de chacun. Alors que faire ? Eclater en sanglots ou respirer, s’ouvrir, éclater de rire ? De toute évidence, rire vaut cent fois mieux que pleurer, non? Donc, en y repensant, elle souriait. »

« Leur passé, leur présent, leur avenir, étaient détruits, en miettes. Pourtant le monde n’avait subi aucun changement, la rivière et la berge sablonneuse brillaient au clair de lune, des gens se baignaient dans le courant, d’autres se prélassaient en groupes sur le sable, riaient en se racontant les nouvelles du jour. Le monde n’avait pas changé, mais la vie de Vattan Atima, de son épouse et de sa fille était anéantie. »

« – Tu veux dire : « Pourquoi on n’a pas voulu faire de toi une kafir? »
Savoir lire, écrire, étudier, interdisait donc de vivre en bon musulman? « Lisez! », disait pourtant le Coran dès les premiers mots ! »

« Le lendemain, Kounnioupattoumma fit part de ses doutes à Aïsha, qui réagit en riant. C’était le propre de l’ignorance, selon elle, que de mener à toujours plus d’ignorance. La connaissance suivait le même processus de croissance. De plus, en augmentant, elle permettait à l’esprit de retenir ce qui était bon et de rejeter le reste. »

Vaikom Muhammad BASHEER, Grand-père avait un éléphant, traduit du malayalam (Inde) par Dominique Vitalyos, Zulma, 2005

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