Samedi concert au Trifolion, dans le cadre du Echter'World Festival, avec Carminho et, en première partie, Marly Marques.Carminho. Si deux jours après le concert, vous avez toujours sa voix et ses mélodies qui vous trottent dans la tête, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ?Que la soirée a été riche, chaleureuse et inoubliable.Je le dis à tout bout de champ depuis quelques années déjà, je considère Carminho comme la plus grande artiste féminine du fado actuel.(Chez les hommes, je citerais Camané et Ricardo Ribeiro)À chaque nouvel album, à chaque nouveau concert, Carminho se réinvente et nous réenchante complètement, avec une sincérité, une puissance et une intelligence toujours ravivées.Samedi, dans la superbe salle du Trifolion, pleine à craquer, Carminho a de nouveau conquis les cœurs et les esprits de tout un auditoire.J’ai rarement senti autant de bonne humeur, de passion et d’admiration partagée collectivement, dans un même élan, toute la salle applaudissant et se levant pour acclamer l’artiste, les artistes, Carminho et ses quatre musiciens, pour les remercier avec effusion de ce grand moment qu’ils nous offraient.La pureté d’un fado cristallin.Carminho, c’est à la fois l’amour de la tradition, l’observation des codes, la connaissance de l’ histoire du fado et de ses grands interprètes du passé, et c’est aussi la quête perpétuelle de la note juste, de l’expression à fleur de peau, totalement en accord avec la résonance intime de l’âme profonde. Rien n’est apprêté ni maniéré chez Carminho, même si elle a un sens aigu de la mise en scène, avec un travail extraordinaire sur les lumières de scène. Carminho a le fado dans l’âme, dans son ADN, elle est voix et corps, mémoire et transmission. Son chant est franc et direct, sensible et puissant, d’emblée il s’enflamme et s’emporte, nous emporte dans un tourbillon de sensations, nous naviguons avec la fadista dans la mer agitée de ses tourments et idéaux. Elle ne nous laisse jamais en rade, toujours elle nous prend par la main et nous fait don de ses poèmes chantés et de l’excellence de ses musiciens. Carminho ne nous impose pas le fado, elle nous le rend familier, proche, intrinsèquement nôtre.Il me faut ici saluer l’incroyable humilité du public présent samedi soir, en particulier de tous ceux qui ne comprenaient pas le portugais. En préambule de chaque chanson, avec aisance et simplicité, Carminho expliquait, commentait, souriait. Le tout en portugais car elle avait assumé que la majeure partie des spectateurs étaient portugais. J’admire profondément le tact et l’élégance de toutes ces personnes non portugaises qui n’ont pas protesté, qui ont écouté avec révérence la voix enveloppante et chaleureuse de la chanteuse.Chapeau les amis ! Et Carminho, ne soyez pas confuse ni triste de cette méprise charmante. Votre voix, qu’elle serve au chant ou à la parole, est d’une incroyable tessiture, et nous parle à chacun d’entre nous, nous va droit au cœur. C’est probablement pour cela que personne n’a soulevé d’objection. Vos explications entre les chansons étaient déjà de la musique.Je ne saurais terminer ce billet sans dire un mot de l’autre grande voix de la soirée qui fut Marly Marques. Accompagnée de trois excellents musiciens, cette chanteuse Ludo-luxembourgeoise nous a emportés dans un très beau voyage à travers l'univers de la chanson ibérique et latino-américaine. Du souffle, de la maîtrise, de la nuance, j'ai beaucoup aimé. Je connaissais le très bon disque jazz de Marly, mais là elle nous a montré une nouvelle facette de son talent. Bravo et je suis très intéressé de la suivre dans son parcours musical.
Carminho
Marly Marques