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" Queenie. La marraine de Harlem " . Aurélie Levy & Elisabeth Colomba

Publié le 05 décembre 2021 par Assurbanipal
" Queenie. La marraine de Harlem " . Aurélie Levy & Elisabeth Colomba

Harlem par Juan Carlos HERNANDEZ

Aurélie Levy & Elizabeth Colomba

Editions Anne Carrière, Paris, 2021, 170p.

Aurélie Levy: scénario

Elizabeth Colomba: dessin & scénario

Lectrices Swing, lecteurs Hot, ce blog vous a déjà parlé de Mme Stéphanie Saint Clair, la Martiniquaise devenue la patronne du crime organisé dans le quartier de Harlem, à New York, USA dans les années 1920. Elle est le sujet du roman de Raphaël Confiant, auteur Martiniquais, dans " Madame Saint Clair, Reine de Harlem ". Le roman a été adapté au théâtre mais je n'ai pas vu la pièce.

Après le roman, la bande dessinée. Après les mots d'un homme, les mots et les dessins de deux femmes. Elizabeth Colomba, Martiniquaise, artiste peintre, vit et travaille à Harlem. Le personnage de Mme Stéphanie Saint Clair la fascine depuis longtemps. Avec Aurélie Lévy, elle rend hommage à une femme sortie de la misère qui, après avoir travaillé dans la rue, a fait travailler la rue pour elle. Reine du business du loto clandestin, dans les années 20-30, elle gagnait 100 000$ par an soit plus que le président des Etats Unis d'Amérique (75 000 $).

L'univers de la pègre n'était pas composé de WASP (White Anglo Saxon Protestant) mais d'hommes blancs (Juifs et Italiens). Mme Saint Clair était une femme, noire et parlant anglais avec l'accent français. Autant dire qu'elle n'y avait pas sa place mais qu'elle sut se la faire en étant toujours plus intelligente que ses adversaires. La victoire par la ruse comme David face à Goliath. Elle fut la première femme noire aux Etats Unis d'Amérique à faire condamner à la prison des policiers blancs. Elle fournissait aux juges les preuves de leur corruption. Elle le savait puisqu'elle les avait acheté. Une fois en prison, le policier devenait moins curieux ainsi que ses collègues.

Le monde décrit dans cette BD est celui raconté par l'historien Ronald L. Morris dans " Le Jazz et les gangsters (1880-1940) ". Madame Saint Clair elle aussi protégeait et finançait les musiciens de Jazz. Duke Ellington était son voisin d'immeuble. Elle protégea le talent d'un jeune pianiste débutant, Thelonious Sphere Monk.

La BD est en noir et blanc pour nous replonger dans l'ambiance des films noirs des années 30-50.

Victime d'abus sexuels dans son enfance en Martinique, de la part de ses patrons blancs, elle faisait des pédophiles une affaire personnelle. Juge de paix suprême à Harlem, elle fit exécuter, d'abord socialement puis physiquement un boucher pédophile. L'épisode est raconté dans " Queenie. La Marraine de Harlem ".

La BD explique son système criminel, comment elle sut traiter avec la Mafia (Lucky Luciano) qui voulait lui voler son business et comment elle élimina ses ennemis les plus dangereux comme le tueur fou Dutch Schultz qui était pourtant passé du judaïsme au catholicisme pour s'attirer les bonnes grâces de l'Italien Lucky Luciano. Trop imprévisible donc nuisible aux affaires, il fut assassiné. Lucky Luciano s'en chargea. N'en étant pour rien responsable, elle se contenta de lui envoyer un télégramme publié dans la presse: " Qui sème le vent récolte la tempête ".

Madame Sainte Claire dit Saint-Clair (1897-1969) est morte paisiblement chez elle, aux Etats Unis d'Amérique, Après les affaires criminelles, elle utilisa son argent et ses relations pour défendre la cause des droits civiques des Noirs aux Etats-Unis d'Amérique. Elle est enterrée au cimetière de Manhattan, à New York, USA.

Après le roman, la pièce de théâtre et la bande dessinée, Mme Saint-Clair fera certainement l'objet d'un film. Elle constitue un très beau sujet pour un " biopic ". Attendons des nouvelles d'Hollywood à son sujet.

Pour vous plonger dans l'ambiance de " Queenie. La Marraine de Harlem ", lectrices Swing, lecteurs Hot, la vidéo sous cet article vous permet de retrouver Duke Ellington et son orchestre au Cotton Club en 1930 avec " Old Man Blues ". Dans les années 1960, un journaliste demanda à Duke Ellington comment un homme aussi élégant et raffiné que lui avait pu travailler pour les gangsters, patrons du Cotton Club. " Des gangsters? Comment osez vous qualifier ainsi ces gentlemen? " répondit le Duke.

La photographie de est l'oeuvre du Voyageur Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales .


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