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Deux petites bourgeoises

Publié le 11 décembre 2021 par Lorraine De Chezlo
DEUX PETITES BOURGEOISESde Colombe Schneck

Roman - 140 pages

Editions Stock - avril 2021

Deux amies grandissent et évoluent dans le microcosme (luxem)bourgeois de paris, dans les années 90, à la prestigieuse école alsacienne. Héloïse et Esther se connaissent depuis l'enfance. On pourrait penser qu'elles sont les mêmes, même visage fin, même élégance discrète, même appartement cossu, même école privée. Mais, à bien les observer comme la narratrice enquêtrice, il en va un peu différemment. Les parents d'Esther seraient un peu plus ouverts, peut-être par leurs origines étrangères. Un écriture ciselée, précise, qui reste plutôt dans l'analytique que le romancier. Les bourgeoises ne sauraient être des stéréotypes. Ces deux-là mènent leurs vies avec conformisme, ambitions, habitude du confort, acceptation de la domination patriarcale mais aussi parfois un sens du sacrifice sans plainte, la lutte contre la maladie, et un sens de l'amitié indéfectible. Colombe Schneck réussit à nous les faire aimer ces deux petites bourgeoises pourries gâtées.
J'ai aimé lire leur progression, leur évolution, guidées par les destinées familiales et les attentes sociales, par leur acceptation des efforts nécessaires, parfois par leur conscience claire. Et puis, il a fallu constater l'étau qui se resserrait, non pas d'abord par la maladie qui touche Héloïse, mais par le machisme de la société et l'absence de lutte féministe.
Extrait :"L’enquêtrice, qui n'a pas pris sa retraite, passe une tête. Elle est déçue, elle espérait qu’Héloïse et Esther, vu leur éducation, vu leurs diplômes, vu leur milieu, vu leurs relations, échapperaient à leur condition de femmes, d’épouses, de mères. Elles ont trente, trente-cinq, quarante ans, la tête baissée, les épaules ramenées devant elles, elles sont silencieuses et écrasées. Elle en était persuadée, grâce à leur statut social, l'argent, elles seraient plus libres, moins aveugles, leurs maris plus modernes, le système moins étouffant pour elles, et elles étaient capables de se révolter, de trouver une autre place. L'argent et la classe n'y font rien, elles sont essorées par leur genre."

Enfin, divorce et libération en demi-teinte.Un roman court et tranchant.
L'avis de Mademoiselle - MademoisellelitL'avis d'Elsa - Le coin des mots

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