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La fausse veuve

Publié le 05 août 2008 par Lorraine De Chezlo
La fausse veuvede Florence Ben Sadoun

Roman - 110 pages
Editions Denoël - A paraître le 25 août 2008
Seules les femmes légitimes deviennent veuves losrque l'homme disparaît. Or, s'il a partagé ses derniers jours éloigné de sa femme mais auprès de son amante qui lui rendait visite quotidiennement sur son lit d'hôpital, quel statut cette dernière porte-t-elle pendant le deuil ensuite ? C'est une fausse veuve, qui devra souffrir dans l'ombre. Comme elle, juive berbère, femme endeuillé de l'homme qu'elle a aimé alors qu'il était paralysé par le locked-in syndrome. Et qui se souvient de sa maladie , de son entêtement, de leur amour.
Ce roman est le récit grandement autobiographique de celle qui partagea les derniers temps de la vie de Jean-Dominique Bauby. Rédacteur en chef de Elle, victime d'un accident vasculaire cérébral en 1995, il plonge dans un coma qui précèdera une paralysie due au locked in syndrome : seules ses paupières sont mobiles, par ses clignements d'yeux seuls il peut communiquer. Florence Ben Sadoun, sans jamais le nommer, sans jamais se nommer mais racontant bien à la première personne et égrénant quelques indices (l'hôpital de "Vomi" pour celui de Berck-sur-Mer où a réellement été hospitalisé J.-D. Bauby, sa statutre d'homme connu dans son milieu...), livre ses souvenirs douloureux comme heureux, mais aussi cette injustice de reconnaissance dont elle souffre à travers le regard de la famille officielle. J'ai quelques réserves sur cette lecture, notamment sur certaines phrases qui m'ont laissée dubitatives :

Extrait :

"C'est unique de pouvoir se regarder dans une glace rajeunissante, et qui plus est dans une glace qui parle. Qui me répond avec une petite voix pas si éloignée de la mienne quand j'étais petite. Difficile de se souvenir de sa propre voix d'enfant. Il n'y a pas de photo de la voix. "

Si certain passages de cet accabit m'ont un peu déçue, d'autres m'ont plus agréablement impressionnée par leur poésie qui mêle mélancolie et humour :

Extrait :

"Peau morte contre peau vive. Tu me clignes : "Nous sommes plein de larmes, que personne ne vienne nous secouer." Le silence rend les corps teriblement susceptibles. Nous sommes comme deux adolescents qui se découvrent, qui se touchent pour la première fois. Votre corps est si nouveau, si maigre, si blanc et terriblement encombré de tuyaux et de poches. Ma maladresse est à la hauteur de ce lit à barreaux. Longtemps je n'ai plus osé vous toucher. Comme si vous étiez devenu un "corps médical". Je n'avais pas les diplômes nécessaires pour entreprendre un assaut sans ordonnance. J'avais peur de vous faire mal, peur de vous débrancher, peur d'avoir peur. Il y a encore des choses qu'on ne fait pas à l'hôpital."

Elle raconte donc ses allers-retours à l'hôpital, ses angoisses, cet homme qu'elle cherche à se réapproprier. J'ai l'impression que ce livre a été une thérapie pour elle, une sorte de soulagement d'avoir inscrit sa vérité pour les media et pour le souvenir de son ancien amant. Elle semble être une femme de courage, qui souhaite parler d'elle et qu'on parle d'elle pour la sortir de son ombre de fausse veuve. Aussi, elle n'hésite pas à faire allusion à son histoire d'amour qui a suivi celle avec J.-D. Bauby : en effet, si j'ai bien compris, elle a ensuite trouvé le bonheur avec un médecin de l'hôpital qui s'occupait de lui... Si la lecture de ce livre court est fluide, rapide et intéressante, je rejoins donc Aelys pour dire que certains aspects assez egocentriques de l'auteure-narratrice m'ont un peu gênée.Récit à croiser donc avec le livre de Jean-Dominique Bauby, Le scaphandre et le papillon, et le film du même nom, réalisé par Julian Schnabel. [merci à Violaine de Chez Les Filles]
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