J'ai en parfaite horreur les comédies musicales. Vraiment. Je ne supporte pas du tout. Ou presque. J'ai essayé Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Démy, ça a duré deux scènes. Autant de chansons. Je voulais tuer des bébés phoques.
J'aime bien Tim Burton. Mais quand j'ai commencé The Nightmare Before Christmas, j'ignorais que c'était une comédie musicale et dès la première chanson, j'ai été forcé d'abandonner le visionnement. C'était insupportable. Des ongles griffant un tableau.
J'ai commencé Lalaland et ai aussitôt tout arrêté. Je ne savais pas que j'allais nager en comédie musicale. Ça a duré une scène.
Une amie de ma blonde, est vraiment atroce dans les lieux communs, mais vraiment atroce. Quand elle pense que "tout le monde" fait quelque chose ou "que tout le monde déteste quelque chose, c'est souvent archi faux. Une fois elle racontait s'être arrêtée dans un petit dépanneur de village où il s'y trouvait la musique "poche" d'Elvis Costello. Je lui avais demandé quel album et j'avais été l'acheté. Un de ses meilleurs. Vraiment pas cher. En cassette. Son premier. Cette amie, activée en mode "wrong all the time" disait aussi un jour "Grease, ce film qu'on a tous vu au moins 5 fois..." FAUX! ai-je été obligé d'intervenir. Je ne crois pas l'avoir vu une seule fois, que des extraits..."Toi? Mais t'es cinéphile! T'étudies en cinéma!..."
(...)
J'ai pas répondu. Laissé le pet intellectuel se dissiper. Mais l'odeur traine toujours autour d'une comédie musicale.
Chanter et faire l'acteur/l'actrice, sont deux choses bien distinctes pour moi. Lorsque croisées, ces choses frisent souvent la caricature. Je ne suis pas toujours à la recherche de réalisme, mais de voir les Jets et les Sharks, se battre dans les ruelles en dansant, dans West Side Story c'est pour moi archi dur à avaler. C'est trop me demander que de les considérer intimidant par la suite. De voir Sinatra, s'accoter au bar avec des copains, gins et scotch en main et passer du simple verbe à la chansonnette, christ que c'est lette. Écouter Glee, un virus désagréable. Je ne supporte pas la suspension de la réalité exigée quand une chanson naît dans un narratif. Ça existe un bon film d'Elvis? Je sais pas. Veux pas savoir.
Mais il y a 5 exceptions. 5 comédies musicales que j'ai même dans ma bibliothèque de films. (non, 3)
Tommy (1975)
Si j'ai aimé la comédie musicale, c'est principalement parce que j'avais parfaitement adoré d'abord l'album de The Who de 1969. D'abord enregistré sur cassette de la massive collection de vynil du père d'un voisin d'en face. surécouté. Puis confirmé dans mes cd, l'un des premiers cd achetés de ma part (double) j'étais un fan fini du groupe dès mes 16 ans. Quand j'ai découvert le film par la suite, j'étais déjà pas mal gagné d'avance. J'aimais le réalisateur Ken Russell de Whore et The Lair of the White Worm (J'étais ado, pardonnez-le!). Le film a eu la bonne idée d'y inclure une variété d'invités qui chantent (parfois très mal) les morceaux selon les personnages qu'ils incarnent. Et j'aime beaucoup de ces artistes. Ann-Margret en mère de Tommy, Oliver Reed en Oncle Hobbs, Elton John en Pinball Wizard, Tina Turner en Acid Queen (ça devait être Bowie), Eric Clapton en prédicateur, Jack Nicholson en docteur, et les versions étaient légèrement différentes. J'ai beaucoup aimé. J'ai acheté aussi, en dvd.
Bugsy Malone (1976)
Le film d'Alan Parker raconte le gangstérisme des années 20-30, mais en plaçant ce violent monde d'adultes, joué entièrement par des enfants. Dont une très jeune Jodie Foster qui allait connaître une formidable année avec aussi Taxi Driver. On ne garde que les attitudes et on remplace les balles de fusil par toutes sortes d'autres choses, comme les tartes à la crème. Comme nous sommes d'emblée, dès le départ dans le clin d'oeil géant, le concept de la comédie musicale passe beaucoup mieux. J'ai même dû revérifier afin de me rappeler si c'était bien une comédie musicale, car je ne me rappelle aucun air. C'est dire à quel point c'était pas trop désagréable. Je n'ai pas ce film dans ma bibli.
The Wall (1982)
Même chose ici. J'ai été un immense fan de Pink Floyd. Le suis toujours. L'avant-dernier album du band m'a accompagné tout mon secondaire 5. Mélancolique à souhait. On dirait emo, de nos jours. Don't leave me now oooooooooooouh baaaaaaaaabe! J'avais aussi vu le film, à 16 ans, sous l'effet de marijuana, quelques fois...bon...trop d'informations personnelles. Bob Geldof, je le découvrais aussi par son mythique projet de Noël de mes 13 ans. Et par la suite je l'ai découvert par les Boomtown Rats, qui ont aussi leur liste de lecture sur mon téléphone. Geldof a été choisi par le band pour jouer le troublé Pink. Alan Parker, à la réalisation et des animations de Gerald Scarfe n'étaient pas pour me déplaire. J'avais adoré Bugsy Malone, Midnight Express, Birdy et Angel Heart. Parker ne pouvait qu'être une valeur ajouté au film. Après avoir vu le magistral spectacle de Roger Waters sur les plaines d'Abraham sur ce précis album, en 2012, je me devais de m'acheter ce que j'avais déjà beaucoup usé sur cassettes enregistrées, renouvelé en CD, redécoupé en liste de lecture sur mon téléphone. L'ai pas réécouté intoxiqué. Pourrait le refaire bientôt...
Across the Universe (2007)
Julie Taymor est à la réalisation de ce film, habilement écrit par elle, Dick Clement et Ian La Frenais et qui intègre de très nombreux clin d'oeils à toute l'oeuvre des Beatles. On aurait facilement pu se casser la gueule en créant une histoire fictive autour de l'oeuvre des Fab Four. Mais au contraire, ça se tient beaucoup, on y rend hommage à 34 morceaux qu'on intègre à un narratif intéressant jusqu'à la fin, et je découvre Joe Anderson, Jim Sturges et T.V. Carpio, puisque j'étais déjà très amoureux d'Evan Rachel Wood, qui n'a alors que 20 ans. Salma Hayek, Joe Cocker, Eddie Izzard et Bono y font des caméos physiques et vocaux et la musique, la musique...LA MUSIQUE! y est aussi fabuleuse que le groupe l'a été pour nos oreilles, nos yeux, l'industrie musicale et la société en général. La réalisation est particulièrement aérienne et quand la musique vous transporte déjà, c'est un maudit beau voyage. J'ai acheté et trimballe parfois ailleurs, chez des mais Beatlesmaniaque qui ne connaissaient pas (souvent des boomers).
Mamma Mia! (2008)
Quand Meryl Streep va voir avec sa fille, la comédie musicale de Benny Andersson, dont le livret est signé par Catherine Johnson. Il s'agit d'une histoire fictive (comme Across The Universe) autour de laquelle on a greffé des chansons de la formation suédoise ABBA dont fait partie Andersson. Ce dernier compose même de la nouvelle musique pour la comédie musicale. Streep et sa fille ont tellement de plaisir à découvrir cette comédie musicale que l'influente et talentueuse actrice en achète les droits d'adaptation. Et son nom à lui seul, et l'excellente musique d'ABBA, attirent un fameux casting qui comprendra Pierce Brosnan, Colin Firth, l'adorable Amanda Seyfried, Streep, bien entendu, Stellan Skarsgârd. Encore une fois, c'est la qualité de la musique, qui a été la musique préférée de mes parents de leurs 26 à 35 ans (qui étaient mes 2 à 9 ans), musique qui était aussi la trame sonore de mon enfance, car mes parents en avait tous les vinyls, donc qui a écho particulier pour le Jones d'Amérique. De plus, la trame narrative trouvée s'articule autour d'une histoire familiale. Ce qui rend mon propre attachement familial encore plus adéquat. Il y a eu une suite, 10 ans plus tard, qui situe l'action avant et après l'histoire de 2008. Je n'ai pas vu cette suite car je ne suis pas fervent des suites justifiées par l'appât du gain. C'est un naturel et sans effort interdit de visionnement en ce qui me concerne en général. Mais ayant vu Cher et Andy Garcia se pousser la note, durant le temps des fêtes, à la télé (et me demandant comment j'avais manqué ces deux-là dans l'intrigue du premier Duh! c'était sa suite! ) ça m'a donné envie que la famille se tape un festival ABBA un certain soir.Musique si chaude pour un soir nordique, issu d'un territoire nordique.
Comme chez nous.
(même si l'action se déroule sur une île très estivale comme nous y sommes)
Sans ces 5 là, dans ma vie, mort aux comédies musicales! Alors le Spielberg, qui fait une reprise d'une comédie musicale de 1963. Ai-je besoin de vous dire que jamais je n'y jetterai ni un oeil, ni une oreille?
Mention spéciale au Bal d'Ettore Scola, mais c'est dansant et musicalement extradiégétique.
*Les deux faire valoir (sur la photo) sont la définition même du faire valoir, difficile de faire moins intéressants comme personnages.