A la suite d’une résidence d’écriture en Seine-Saint-Denis, il y a de nombreuses années, Sandrine Roudeix a l’idée d’un texte court, qui peu à peu s’est étoffé pour former ce texte long, un roman. Il a pris racine dans ses trois identités de femme, de fille et de française d’origine espagnole… Une dispute vient d’éclater entre Assia, 24 ans, de parents marocains, et Franck, 25 ans, qui a grandi à Paris. Une dispute qui a commencé au creux des draps, pendant l’amour, et se poursuit ensuite au salon, où Franck rumine ses ressentiments sur le canapé, en s’acharnant sur un jeu vidéo. Le lecteur a les deux versions du duel, au départ silencieux, qui se joue, après la sidération du mot de trop prononcé. Dans une histoire d’amour, chaucun arrive avec son bagage, son histoire, sa capacité ou non à faire de la place à l’autre. Et c’est tout cela qu’explore Sandrine Roudeix dans ce roman en huis clos, qui ressemble presque à une pièce de théâtre. Mais est-t-on dans une tragédie ? Ou dans une pièce de boulevard, quand soudain quelqu’un frappe à la porte ? Chacun joue sa partition, lance à l’autre un monologue dont il ne mesure pas la portée. C’est le moment où ressort la violence et la difficulté à aimer. C’est le moment où tout pourrait basculer, où la rupture pourrait s’engager et devenir définitive. Assia et Franck s’aiment-ils suffisamment pour éviter la guerre ? Ce n’est pas le premier roman de Sandrine Roudeix que je lis et c’est toujours un plaisir de la lire, une surprise. De plus, j’aime son écriture, toujours d’une grande subtilité. J’ai sans doute eu plus de mal par contre cette fois-ci à me projeter dans l’histoire de Assia et Franck, très éloignée de moi, un problème de génération sans doute. Ce qu’il faut d’air pour voler m’avait beaucoup plus touché. Mais j’ai hâte de continuer à découvrir où le cheminement d’écriture de Sandrine Roudeix va continuer à nous emporter.
Editions Le passage – 6 janvier 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…