Résumé : Sandrine ne s’aime pas. Elle trouve son corps trop gros, son visage trop fade. Timide, mal à l’aise, elle bafouille quand on hausse la voix, reste muette durant les déjeuners entre collègues.
Mais plus rien de cela ne compte le jour où elle rencontre son homme, et qu’il lui fait une place. Une place dans sa maison, auprès de son fils, sa maison où il manque une femme. La première. Elle a disparu, elle est présumée morte, et Sandrine, discrète, aimante, reconnaissante, se glisse dans cette absence, fait de son mieux pour redonner le sourire au mari endeuillé et au petit Mathias.
Mais ce n’est pas son fils, ce n’est pas son homme, la première femme était là avant, la première femme était là d’abord. Et le jour où elle réapparaît, vivante, le monde de Sandrine s’écroule.
Avis : Sandrine se déteste, mais heureusement, elle a trouvé SON homme, l’homme qui pleure et qui l’accepte et l’aime et lui a fait une place dans sa maison avec lui et son fils. Mais cet homme avait déjà une femme avant Sandrine, et celle-ci réapparaît.
Ce livre tient aux tripes, on est plongé dans la violence dès les premières pages. Violence psychologique surtout. Sandrine ne s’aime pas, mais est-ce que son homme l’aime autant qu’il le dit ? La réapparition de la première femme va semer des graines de doute. Tout paraît éclater à cause de (grâce à ?) cette réapparition, Sandrine au début, se voit menacé, voit son bonheur menacé. Mais c’est bien plus compliqué que ça. Petit à petit les morceaux se mettent en place. On a vu sur l’enfance de Sandrine, avec son père violent qui la manipulait, mais heureusement elle a trouvé son homme, elle qui était si seule. Et puis en fait au fur et à mesure on se rend compte que les choses sont bien plus horribles qu’elle veut bien l’admettre.
C’est un livre qu’on lit en apnée. Certes il n’y a pas un suspens de fou (encore que je me suis demandée ce qu’allait faire Sandrine), mais purée cette construction du récit est tellement bien faite ! On voit vraiment l’évolution, la montée de la violence. J’ai vraiment eu peur pour les personnages. Et puis c’est bien fait, parce qu’on est dans la tête de Sandrine, on comprends tout ce qu’elle ressent, tout ce qu’elle se ment à elle-même, et on est avec elle jusqu’au bout. On tremble avec elle, on a peur pour elle. J’avais vraiment des visions des fois, comme si j’étais à la place de Sandrine, tant IL me foutait la trouille.
Ça met mal à l’aise, c’est une vraie claque. Le pire c’est que c’est vrai, c’est tellement réel. On sait que ça arrive vraiment dans la vie et que ces hommes-là ne sont jamais arrêtés parce qu’on a une justice qui cache les problèmes des femmes sous le tapis et qui favorise ces « pauvres pères maltraités ». Ça donne envie de hurler.
Cette histoire retourne, faut être bien accrochée avant de s’y lancer, mais j’aimerais que beaucoup de monde le lisent pour que les gens comprennent ce que c’est, ce qui se passe, tout le chemin psychologique de la violence verbale puis physique. C’est terrifiant, mais aussi très réaliste. Merci à l’autrice.
Phrases post-itées :
« Il suffisait donc que le monde s’écroule pour qu’elle cesse de se trouver laide, il suffisait donc que tout s’achève pour que l’espace que son corps vole au monde l’indiffère enfin. »
« Que ce n’est jamais assez, que les hommes qui frappent conservent le droit de visiter, d’habiter les maisons, d’accueillir les enfants. »
éé