C'est donc par pur atavisme que je me suis procuré ce disque, prêt à boucler une bonne fois pour toutes le dossier Weezer. Soyons clairs, cet album, sans doute appelé à être surnommé le rouge par les fans - bon gimmick, digne des 70's, après le bleu et le vert ! - ne va pas révolutionner l'histoire de la pop, il n'introduit rien de nouveau au son Weezer, fait de guitares compressées vaguement métal, et de ces refrains braillards pré-pubères. Soit, mais il n'est pas non plus le naufrage annoncé !
Il faut certes se résoudre à jeter certains titres de sa programmation si l'on veut profiter de certaines plages plutôt intéressantes du groupe. Tel un Nada Surf qui n'en finit pas de radoter, Rivers Cuomo - qui a adopté entre temps la moustache de Nick "Grinderman" Cave - se croit obligé de nous resservir des chansons déjà entendues 100 fois, par exemple lors de ce "Troublemaker" inaugural, hymne punk-pop à deux accords ! Ou bien dans le très pataud simple déjà mentionné !
Le fait est qu'il faut savoir prendre Weezer pour ce qu'il est, c'est-à-dire un honnête groupe pop, capable parfois de fulgurances, comme sur Pinkerton (96), et on va le voir, sur nombre de titres de cet album. Mais il ne s'agit toujours pas du secret le mieux gardé des USA, ni du groupe à défendre coûte que coûte, comprendre, Weezer c'est de toute façon bien meilleur que Offspring et Green Day réunis, mais ça aura toujours du mal à rivaliser avec....je ne sais pas moi... Supergrass, pour sortir du contingent pop US.
Encore qu'une étude comparée des derniers albums respectifs de ces groupes n'offre pas une différence si criarde !
Donc, Weezer se diversifie et se démocratise un chouïa avec son nouveau disque, puisque même le batteur à tête de Michel Leeb, a droit à son morceau, composé et interprété par ses soins, cela donne ce "Automatic", plutôt pas mal, qu'on a d'ailleurs du mal à distinguer d'un morceau de Cuomo. Le guitariste y va lui aussi de son couplet ("Thought I Knew"). Bon, à tout seigneur, tout honneur, c'est à son leader que Weezer doit les meilleures réussites de ce disque, réussites qui vont même au-delà de nos espérances. C'est ainsi sur une ambiance en demi-teinte et acoustique, plutôt rare chez le groupe, que se tournent "Heart Songs" ainsi que l'étonnant "The Angel And The One", sorte de montée funèbre qui s'achève dans des débris d'harmonium.
Mais là où Weezer impressionne franchement, c'est lorsqu'il parvient à une imagination on ne peut plus débridée sur des morceaux où varient les climats, les tempos, les thèmes mélodiques ; deux morceaux à ce titre, ont retenu mon attention, deux tueries, à vrai dire : "Dreamin' " et sa mélodie doucereuse en trompe l'oeil qui est un clin d'oeil aux grands B du rock ricain (Beach Boys, Big Star, Byrds) et surtout, surtout, cette chanson assez incroyable qu'est "The Greatest Man That Ever Lived". Celle-là, qui se dit d'inspiration shaker (cette secte pionnière à qui l'on doit la pince à linge et la machine à laver, pas aussi rigoriste que les Quakers, mais presque...) donne à écouter un florilège de vocaux décomplexés, a cappela s'il vous plait, pour ce qui est l'un des climax du disque !
De façon générale, et pour conclure, cet album est de bonne facture, et mention doit être faite à l'effort d'écriture du groupe, qui se revitalise sur certains mid-tempos ; également la grande qualité des harmonies vocales de cette bande de lycéens attardés mérite que l'on jette une oreille attentive à leur nouvel effort !
en bref : le meilleur disque de l'année d'une catégorie ingrate, celle des groupes ou des artistes dont on n'attendait rien ! Finalement, un orchestre aux airs aussi crétins (il y a aussi des précédents célèbres !) et aussi prétendument vital selon ses fans les plus hardcore, est-ce possible ? La vérité se situe sans doute dans les méandres ce chouette nouveau LP. Et si, à sa manière Weezer était un Teenage Fanclub US ? le site du groupe Pas chien, pour ne pas trop racoler, je n'offre que "Dreamin' "