Aussitôt reçu, aussitôt lu, ce livre de Mohamed Mbougar Sarr n'a pas fait long feu. Il faut dire qu'il s'agit d'une quête, d'une enquête, sur un livre, Le labyrinthe de l'inhumain, et son auteur, T.C. Elimane. Quête littéraire d'un jeune écrivain, elle nous entraine du Sénégal en France, aux Pays-Bas puis jusqu'en Argentine.
Ce livre mythique, c'est d'abord un titre dans un manuel, lié à un écrivain maudit, plagiaire, dont toute trace a disparu. Et puis, c'est le hasard ou le destin de la rencontre entre le livre et notre narrateur, Diégane, un jeune écrivain et thésard, suite à une nuit avec Siga D., écrivaine scandaleuse.
Lecture du livre, relecture, choc, partage du bouquin dans les cercles de copains écrivains, recherche des traces (articles et critiques), rendez-vous avec Siga D. pour tenter de comprendre le livre ou l'auteur. En savoir plus en tous cas.
Les formes se mêlent : mémoires, interview, liste, emails... la langue reste précieuse (Diégane, notre héros, thésard, enquêteur et écrivain) ou crue (Siga D.). Elimane se découvre par petites touches, quand il veut bien se laisser voir. Diégane absorbe toutes les infos de Siga D., pompe son enquête, persévère et se rend jusqu'au Sénégal, tandis que d'importantes manifestations se préparent, pour retrouver le village natal du mystérieux écrivain.
Il faut aimer les labyrinthe et les mises en abime, les mots inusités et les jeux littéraires pour s'amuser avec ce livre. S'amuser de se perdre un peu, parfois, entre les voix multiples, entre les pères d'Elimane, entre ses amis égarés dans la Seconde Guerre mondiale, entre les rites de marabout, les vivants et les morts. Suivre les voies de traverse d'une femme qui hait et détruit, qui aime et avance. Suivre les méandres d'un jeune homme qui se forme et ne veut pas vraiment faire de choix. Suivre le court d'une histoire qui fait des virages, qui se moque des chronologies. Une lecture qui fait aimer les livres !