
J'ai eu l'occasion de dire que ce qui frappe en premier ce sont les couleurs et Noël ne s'y fait pas discrète même si la municipalité de Mexico n'a pas investi grand chose dans les illuminations. Cette guirlande de Feliz Navidad (qui se trouve malgré tout dans l'hyper centre sur une artère de près de 15 km, l'Avenida Paseo de la Reforma ("Promenade de la Réforme") qu'on appelle simplement Reforma) est bien pauvre au regard de ce que montrait par exemple une "petite" ville comme Chatenay-Malabry (92), preuve à l'appui ci-dessous :











Les aztèques accrochaient à une corde des figurines d’argiles ornées de plumes et remplies de pierres précieuses qu'ils brisaient pour célébrer le dieu Huitzilopochtli. Les responsables de l’enseignement catholique ont convaincu les communautés indigènes d'opter pour des Piñatas en forme d’étoile. L'objet représente le diable et ses branches, les sept péchés capitaux (luxure, gourmandise, avarice, paresse, colère, envie et orgueil).
Casser cette Piñata avec un gros bâton (les yeux bandés) symbolise la foi aveugle qui est récompensée, en cas de victoire contre le diable par les cadeaux qui en tombent, le plus souvent des bonbons qui font courir les enfants pour se remplir les poches. Par extension on a étendu la pratique aux anniversaires même en dehors de la période de Noël.







Au XVI° siècle les conquistadores ont eu l'idée d'éduquer au catholicisme en faisant le parallèle avec les croyances païennes. Ils ont introduits des "messes de cadeaux", qui se terminaient par une distribution aux participants comme récompense et encouragement. Les figures divines aztèques ont laissé place aux personnages bibliques. Les 20 jours de célébration sont alors devenus 9 jours de posadas, le nombre de 9 étant une référence aux mois de grossesse. Ils sont rythmés par une messe quotidienne à l’issue de laquelle les croyants défilent en rejouant les scènes de la nativité. Chaque soir est aussi l’occasion de festoyer.
Le nom de "posada" est une référence à l'épopée de Marie et Joseph, de Nazareth à Bethléem, qui frappaient à la porte de chaque maison espérant un refuge (« pedir posada » signifie « demander l’auberge ») et le souper avant de donner vie à Jésus. Le 25 décembre, jour divin, est marqué par les cadeaux apportés par Jésus et par la destruction de la piñata, fort symbole religieux. Les participants forment deux groupes : d’un côté, "les pèlerins" et de l’autre "les hôtes". Certains pèlerins sont déguisés ou arborent des statues à l’effigie des protagonistes et défilent de maison en maison, d’auberge en auberge, de posada en posada. Ils ont tous une bougie à la main et chantent les litanies traditionnelles, ces chansons de Noël mexicaines, appelées "Villancicos".
De l’autre côté, les hôtes, restés à l’intérieur des habitations, répondent aux pèlerins en chantant. Ils finissent par les accueillir à l’issue de leur pérégrination. Selon la tradition, les pèlerins doivent être rejetés de deux auberges avant d’être accueillis par leurs hôtes. C’est lorsque les deux groupes se réunissent, dans une maison différente chaque soir, que la fête peut commencer., après une séance de prières autour d cela crèche.
Tout ceci explique l'importance de la crèche, installée le 16 décembre dans une mise en scène plus importante que le sapin qui est artificiel même s'il est abondamment décoré. Je me demande si cette coutume ne fonde pas quelque part le traditionnel sens de l'accueil qui se traduit par cette phrase : Mi casa es tu casa (Ma maison est la tienne) que tout mexicain formule en vous ouvrant sa porte.
