Comment les organisations libérées gèrent-elles les rémunérations ?

La question des salaires et des écarts de rémunération au sein d’une même organisation, tant entre fonctions égales, qu’entre le PDG et le plus bas salaire, sont des sujets susceptibles de créer des mécontentements et du désengagement. Dans son ouvrage « Bienvenue chez les fous », où il décrit la libération de son entreprise de nettoyage Clinitex, Thierry Pick montre la façon dont il abordé ce point épineux : tout simplement en s’appuyant sur les valeurs de l’entreprise et en les mettant en pratique.

« Chez Clinitex, la confiance, le sens des responsabilités et l’engagement sont nos piliers. Ils sont le carburant de l’évolution des rémunérations. Le salaire est une juste contrepartie des responsabilités exercées – le fameux sac à dos que chacun de nous porte au quotidien et dont la taille et le poids varient.

Voici ce qui guide notre « Corem » (comité des rémunérations) et qui peut éclairer votre compréhension :

• À sac dos égal, salaire égal !
• On rémunère la légitimité, pas l’ancienneté.
• On rémunère le résultat, pas une promesse de résultat.
• À l’embauche, on tient compte du parcours, de l’expérience, du vécu et du niveau de diplôme, mais aussi de la rareté des candidats sur un secteur.

Cette base étant posée pour tous, chacun a la possibilité d’évaluer son juste niveau de rémunération, en comparaison avec celui de ses collègues, avec la grille conventionnelle et avec les niveaux du marché. C’est ainsi que nous avons réussi à transformer un sujet très émotionnel en sujet purement technique. Les collaborateurs sont en demande de justice et d’équité, bien plus que d’augmentation perpétuelle. Cette transparence, en plus de responsabiliser et de détendre chacun, présente l’avantage de faire remontrer les éventuelles demandes d’explications, ce qui évite, une fois encore, les frustrations ou les fantasmes étayés par des non-dits, par des rumeurs ou par un document un jour oublié à la photocopieuse. Et pour nous protéger de ce destructeur adage absolument faux, « Il n’y a pas de fumée sans feu », nous avons complètement éclairci le bois pour éviter les incendies. Nous publions les salaires depuis plusieurs années, et il y a donc fort à parier que notre grille convient à tous tant, depuis, elle fait peu débat. »

Lorsque les organisations s’engagent dans une démarche de libération, elles commencent souvent par réfléchir collectivement à leur mission et à se donner des valeurs. Mais très rapidement arrive la question des rémunérations et de leur équité. Déminer le sujet nécessite du courage managérial, mais il apparaît que la transparence apaise rapidement les esprits et que la démarche de libération peut ensuite dérouler les autres sujets sereinement ! Oserez-vous le faire ?