Des morts partout sur la terre, dans les forêts, sous l’extrême violence de la guerre qui ont fait fuir les parents, grands-parents, « une fosse remplie de fumée ». « Quarante ans de débris » dans le corps du Laos.
« Lorsqu’ils ne pouvaient plus rien prendre,
que tout à toi et en toi avait été offert,
tu as revêtu ta sépulture de papier. »
« Les morts viennent maintenant dîner
dans ma cuisine. »
« Fais le deuil des pavots, mangoustans et fruits du dragon.
Car tu arrives en réfugié, en exilé, un corps
à la recherche de montagnes
qui disent la même chose en traduction. »
« je demande de connaître ce pays
Que tu as perdu, celui que je n’ai jamais eu »
Ces quelques mots, extraits du livre de Mai Der Vang, disent à la fois la perte du pays quitté, pays criblé de mines, et la permanence des esprits accompagnant les exilés. Mai Der Vang nous invite à rencontrer les Hmong du Laos chassés, assassinés mais dont les enfants portent le souvenir.
(en cliquant sur la couverture ci-contre, vous pourrrez entendre un court extrait de ce recueil)
Chant crypté
Il en va ainsi. Nous camouflons les histoires
dans nos manches, véritable courtepointe de veines
de coton.
Les transcrivons sur des nacelles pour nouveaux-nés
endormis, tissons nos ballades sur les attaches.
Forgeons du papier à même nos tabliers,
et nos corps deviennent livres. Apprnons la langue
des manteaux : la façon qu’a le pli de diriger
une ligne, qu’ont ls collets de se dérouler en page,
d’apposer notre signature à l’aide d’un fil.
L’empreinte
d’un éléphant. Coquille d’escargot. Corne de bélier.
Quand les mots brûlent, il ne reste que leurs cendres.