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Dossier: Le Clan Apatow - Partie 1 - Naissance d’une Equipe

Par Geouf

En ce moment aux Etats-Unis, une guerre féroce fait rage au box office entre deux factions comiques. D’un coté, nous avons le « Frat Pack », composé d’acteurs établis tels que Ben Stiller, Will Ferrell, Vince Vaughn, Owen et Luke Wilson, et de réalisateurs tels que Todd Phillips (Old School, Starsky et Hutch), Adam McKay (Talladega Nights, Anchorman), David Dobkin (Serial Noceurs, Elfe). De l’autre coté, nous avons le jeune « Clan Apatow », réuni sous la bannière du producteur/réalisateur/scénariste Judd Apatow, et regroupant entre autres les acteurs Seth Rogen, Jonas Hill, Michael Cera, Leslie Mann (femme d’Apatow), Jason Segel et James Franco. C’est à ce deuxième groupe que nous allons nous intéresser aujourd’hui, même si les deux « factions » travaillent souvent ensemble.

Comme je l’ai indiqué, le « Clan Apatow » a pour personnage central Judd Apatow, réalisateur entre autres de 40 Ans, toujours Puceau. Il est tout d’abord important de préciser que Judd Apatow a débuté sa carrière en bossant avec le Frat Pack. Celle-ci est en effet lancée lorsqu’il devient ami avec Ben Stiller en 1990 et produit l’émission The Ben Stiller Show pour la Fox. Apatow passe ensuite quelque temps à travailler pour la télévision, avec les shows The Critic, The Larry Sanders Show, produisant et souvent écrivant des scripts pour ces émissions. Sa carrière cinématographique débute en 1996, lorsqu’il est chargé de réécrire le scénario du film Disjoncté, mettant en vedette Jim Carrey. Le film, trop étrange, fait un flop, mais cela ne décourage pas Apatow pour autant. Il continue son petit bonhomme de chemin à la télévision, produisant les shows Freaks and Geeks (1999-2000) et Undeclared (2001-2003), salués par la critique, mais malheureusement rapidement annulés faute d’audience. Mais ces deux séries lui permettent de se faire la main et surtout de se lier d’amitié avec Seth Rogen, qui deviendra son acteur fétiche, ainsi qu’avec James Franco et Jason Segel.

C’est en 2004 que sa carrière ciné explose, lorsqu’il produit pour le Frat Pack la géniale et déjantée comédie Présentateur Vedette, La Légende de Ron Burgundy. Cette satyre portnawak de la télévision mettant en scène un Will Ferrell survolté remporte un franc succès aux Etats-Unis, consacrant à la fois son acteur principal et son producteur. L’année suivante, Apatow se jette dans le grand bain, écrivant et réalisant 40 Ans, toujours Puceau, une comédie avec Steve Carrell qui permet au public de se familiariser avec la « touche Apatow » : un humour parfois très lourd et qui tape souvent en-dessous de la ceinture, mêlé à un réalisme étonnant et à une certaine finesse dans l’analyse des personnages présentés. Mais nous y reviendrons plus tard. Ce long-métrage est aussi la première collaboration entre Apatow et Jonah Hill, qui reviendra par la suite de manière récurrente dans pratiquement toutes les productions Apatow. A la surprise générale, le film cartonne au box-office (187 millions de dollars de recette mondiale pour un budget de 26 millions de dollars), tout en ramassant les lauriers de la critique (et est diffusé en catimini en plein cœur de l’été en France, allez comprendre…). Dans la foulée, Apatow rédige le script de Braqueurs amateurs, avec Jim Carrey, puis retrouve Will Ferrell en produisant Talladega Nights en 2006, encore un énorme succès au box-office (américain, il va sans dire, puisqu’une fois encore la sortie française est sacrifiée au profit du direct to DVD, allez comprendre bis…). Boosté par ce carton, Apatow enchaine immédiatement avec la réalisation de son deuxième film, l’excellent En Cloque, Mode d’Emploi (Knocked up en VO) mettant en en vedette son pote Seth Rogen et la délicieuse Katherine Heigl. On retrouve une fois de plus au casting de cette comédie romantique pas comme les autres Leslie Mann, épouse du réalisateur, ainsi que l’excellent Jonah Hill, dans des rôles secondaires.

2007 et 2008 sont définitivement les années du clan Apatow, puisque ce ne sont pas moins de 8 films liés de près ou de loin au talentueux producteur qui déboulent sur les écrans en deux ans. Quelques mois après Knocked up, Jonah Hill occupe enfin le haut de l’affiche dans l’hilarant Superbad, sorte d’anti American Pie très réussi, produit par Apatow et écrit par Seth Rogen (qui interprète aussi un des rôles secondaires). Le film, réalisé par Greg Motolla, est une fois de plus un carton aux USA et révèle un autre acteur aux yeux du public, Michael Cera, que l’on reverra quelques mois plus tard dans le Juno de Jason Reitman. En décembre, c’est au tour de Walk Hard : The Dewey Cox Story de sortir. Ce film, produit et écrit par Apatow, est une parodie du Walk the Line de James Mangold, avec l’excellent John C. Reilly dans le rôle titre, et la belle Jenna Fischer (The Office, Les Rois du Patin) à ses cotés. Malheureusement, le film est un four monumental au box office, ne rapportant que 18 millions de dollars aux Etats-Unis, pour un budget de 35 millions.

En 2008, c’est Drillbit Taylor qui ouvre le bal, toujours produit par Apatow et cette fois coécrit par Seth Rogen (d’où sa ressemblance avec Superbad). Le film met en vedette Owen Wilson dans le rôle d’un clochard qui devient le garde du corps de trois jeunes lycéens. On retrouve aussi au générique Leslie Mann, mais Wilson vampirise littéralement l’écran, ce qui nuit quelque peu au film. Il fera néanmoins une carrière honorable sans être exceptionnelle, rapportant 49 millions de dollars (dont seulement 32 sur le sol américain) pour un budget de 40 millions. Il est suivi de près en avril par Forgetting Sarah Marshall, mettant en scène un autre transfuge de Freaks and Geeks et Undeclared : Jason Segel (surtout connu pour occuper l’un des rôles principaux de How I met your Mother), qui signe aussi le script du film. Kristen Bell (Veronica Mars, Heroes) lui donne la réplique dans le rôle-titre et Jonah Hill est une fois de plus présent en second rôle. Forgetting Sarah Marshall est une sympathique comédie romantique un peu loufoque, parfois un peu longue mais qui déride sans peine les zygomatiques. Un cocktail gagnant puisqu’à présent le film a remporte deux fois son budget de 30 millions de dollars sur le territoire américain, et plus de trois fois dans le monde.

Dossier: Le Clan Apatow - Partie 1 - Naissance d’une Equipe

Mais l’année Apatow est loin d’être terminée, puisque sont encore prévus dans l’ordre You don’t mess with the Zohan avec Adam Sandler (écrit par Apatow et sorti le 6 juin sur les écrans américains),  Step Brothers le 25 juillet, réunissant la dream team de Talladega Nights (Apatow à la production, Adam McKay à la realisation et Will Ferrell et John C. Reilly en têtes d’affiche), et enfin Pineapple Express, coécrit par Apatow, Seth Rogen et Evan Goldberg, et avec en vedettes Seth Rogen et James Franco (surtout connu pour son rôle de Harry Osborn dans les Spider-Man, mais qui a lui aussi débuté dans Freaks and Geeks et a fait un amusant cameo dans Knocked up) le 6 décembre.

Et le règne du nouveau golden boy de la comédie n’est pas prêt de s’arrêter puisqu’il est déjà attaché à quatre autres projets pour 2009, dont son troisième film en tant que réalisateur, Funny People.


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